L'agriculture urbaine a toujours plus ou moins existé à petite échelle et suivant les époques.
Aujourd'hui, Le réchauffement climatique étant malheureusement inéluctable à court terme, le problème de fond est celui de l’adaptation de nos agricultures, la terre n'étant pas extensible, il va nous falloir en faire l'économie des surfaces et en restituer certaines artificiellement si l'on veut faire face à l'expansion démographique avec la gestion de l'habitat et des ressources alimentaires.
Nous avons su créer en Europe de l’ouest une agriculture productive, la plus productive du monde, que certains qualifient d’ailleurs de « productiviste » ; il nous reste à la créer également « résiliente ».
On doit faire en sorte de produire, même quand il fait chaud, même quand il fait sec, même quand les printemps sont très humides, etc. 45 jours annuels de canicule prévus pour la fin du siècle avec plus d’eau l’hiver et moins l’été et davantage de parasites, les techniques agricoles devront évoluer fortement. L’Europe n’a pas encore pris conscience de l’énorme effort à accomplir, en recherche, expérimentation, formation, accompagnement du changement, etc.
Alphonse Allais avait tort, il ne faut pas installer les villes à la campagne, mais au contraire mettre la campagne à la ville. C'est la conclusion qu'on peut retirer de l'étude menée par des chercheurs de l'Université Tsinghua de Pékin et des universités américaines de Berkeley (Californie) et d'Arizona que vient de publier Earth's Future.
Ce travail mené à partir de Google Earth révèle qu'entre 367 000 km² (hypothèse basse) et 641 000 km² (hypothèse haute) d'espaces insérés dans les villes du monde entier pourraient servir à produire des légumes.
Jusqu'ici, la production agricole au sein du tissu urbain avait fait l'objet d'évaluations sommaires. Des études récentes affirmaient ainsi que 36% des surfaces des villes servaient à produire de la nourriture. La nouvelle étude pense que ce chiffre est surestimé par le fait qu'il inclut des zones de banlieues lointaines dédiées au maraîchage et des espaces verts improprement classés en zone agricole. Pour éviter ces imprécisions, les chercheurs ont utilisé Google Earth pour bien préciser l'usage des zones non bâties au sein des villes afin notamment d'en écarter les espaces récréatifs. C'est ainsi qu'ils arrivent à une évaluation plus précise, bien que la fourchette reste extrêmement large. Pour la première fois cependant, l'agriculture urbaine repose sur une vraie définition. L'étude considère en effet le potentiel des façades et des surfaces verticales à accueillir des cultures, les toits, les espaces vacants et les terrains vagues devenant productifs.
Que peut-on planter sur ces espaces ? Et pour quel bénéfice ? Les chercheurs ont classé les plantes en trois catégories. La première regroupe les cultures les plus adaptées à la ville : légumes secs, légumes racinaires (carottes, navets, pommes de terre), choux et épinards. La seconde, celles qui posent plus de problèmes : les arbustes fruitiers et les légumes moins nourrisants comme les tomates et les laitues. Enfin, la troisième catégorie est celle des cultures les moins adaptables : les grands arbres fruitiers (pommiers, poiriers, citronniers), les cultures intensives comme le tournesol ou le colza. Les chercheurs ont ensuite défini pour chaque pays les cultures les plus adaptées pour en tirer une évaluation de production et de revenus. C’est ainsi qu’ils arrivent à un total de 100 à 180 millions de tonnes de nourriture produites tous les ans. C’est peu au regard des 6500 millions de tonnes de végétaux récoltés tous les ans dans le monde, selon les décomptes de la FAO. Mais pour certaines plantations comme les légumes secs et racinaires, l’agriculture urbaine pourrait remplir jusqu’à 10% des besoins. Au total, elle générerait entre 65 et 122 millions d’euros de revenus.
Au-delà de l’alimentation, les plantations en ville remplissent d’autres services dits écosystémiques : rafraîchissement de l’air et dépollution, lutte contre les inondations, captation d’azote, économies d’énergie. Ainsi, en réduisant le transport des marchandises et en isolant les bâtiments, l’étude retient qu’une facture de 125 milliards d’euros en électricité et carburant serait économisée. En rafraichissant l’atmosphère des villes, les plantations feraient également gagner 4,5 milliards d’euros. Au total, cette activité pourrait rapporter entre 75 et 150 milliards d’euros par an.
Partout dans le monde, l’agriculture urbaine gagne du terrain. Elle n’avait jamais vraiment disparu des villes des pays en voie de développement. Elle reconquiert des espaces dans les pays riches. Ainsi, la ville de Paris ambitionne le développement de 100 hectares de fermes urbaines sur son territoire d'ici 2020. Ces projets sont regroupés sous l’étiquette des «Parisculteurs », des «paysans» bien décidés à réinstaller la campagne à la ville.
Production de nourriture, assainissement et rafraichissement de l’air, diminution de l’impact des inondations, captation d’azote : les nombreux avantages de l’agriculture urbaine viennent d’être quantifiés par des chercheurs chinois et américains.
Un amendement écologiste prévoyant un objectif de 20% de bio dans les cantines a été voté à l'Assemblée. Il met en avant la lutte contre le gaspillage et la diversification des sources de protéines pour "avoir un coût de matière première constant", les protéines végétales étant moins chères. Mais pour atteindre 20, 30, 40 ou 50% de bio ou circuit court, le gouvernement doit faire preuve de davantage de cohérence dans ses objectifs, selon Jean-Paul Gabillard, producteur de légumes de plein champ en Ille-et-Vilaine et administrateur de la FNAB (fédération nationale d'agriculture biologique).
Il rappelle que le ministère de l'Agriculture est parti sur un objectif de 8,5% de surfaces agricoles cultivées en bio dans le quinquennat contre 6,5% aujourd'hui, un objectif insuffisant selon lui.
"Peut-être que dans cinq ans, on fera le constat qu'on n'est pas à 50 et qu'on est plutôt à 30%, mais si on est passé de 4 à 30%, je pense qu'on aura déjà une vraie satisfaction", conclut Florent Guhl.
Des régions avancées
"Est-ce qu'on est capable de produire autant en France d'ici 2022 ? D'ores et déjà, dans un certain nombre de régions, la réponse est oui", estime le directeur de l'Agence Bio, qui, outre Paris, cite d'autres exemples de grandes villes ambitieuses, telles Bordeaux et Saint-Etienne.
"Il y a souvent un coût d'entrée, parce qu'il faut réinvestir dans des équipements type légumerie et la formation des personnels", alors que dans la plupart des établissements, on ne faisait plus que réchauffer des plats, explique M. Guhl.
Mais à l'usage, "mettre 20% de bio dans les repas ne coûte pas plus cher", assure à l'AFP Vincent Rozé, éleveur laitier à la ferme de Sainte-Luce, en Isère, et responsable de la plateforme Manger Bio Isère, qui livre 140 sites de restauration collective.
En France, la restauration collective serait à 3% de bio, selon la dernière étude publiée en juin par l'agence Bio. Si cette enquête n'inclut pas les produits obtenus en circuit court, elle donne une idée de l'ampleur de la tâche.
L'enjeu est colossal pour le développement de l'agriculture bio en France, rappelle Florent Guhl, directeur de l'Agence Bio: tous secteurs concernés (écoles, hôpitaux, maisons de retraite, etc.), la restauration collective représente 3,6 milliards de repas par an, un chiffre appelé à augmenter.
"Il faut être prudent car la production française n'est pas suffisante et donc on risque d'avoir une forte proportion de bio qui est importée et pour laquelle le bilan carbone est désastreux", s'insurge Dominique Bénézet, délégué général du SNRC (syndicat national de la restauration collective), pointant "le manque de volume et de structuration de la filière".En France, la restauration collective serait à 3% de bio.
C'est cet argument qu'avaient invoqué pour le retoquer au Sénat les détracteurs d'un amendement écologiste prévoyant un objectif de 20% de bio, au printemps 2016, finalement voté à l'Assemblée. Pourtant, certains établissements sont déjà au-delà de ce seuil, parfois même au-dessus des préconisations du chef de l'Etat.
Ainsi, à l'école élémentaire Lamoricière, dans le 12e arrondissement de Paris, les élèves de la cantine ont vu passer en deux ans la proportion de produits bios dans leurs assiettes de 14% à 50%, depuis la rentrée 2016.
"On s'est rendu compte que le menu de la cantine était une des pages les plus consultées sur le site de la mairie d'arrondissement. C'est un peu frustrant pour tout ce qu'on fait à côté", confie avec humour Catherine Baratti-Elbaz, maire du 12e arrondissement.
Dans le menu du jour, qu'elle déguste avec ses jeunes administrés, des brocolis bio et du pain bio, notamment. "Si on veut des produits bio, labellisés, si on veut des circuits courts, honnêtement, ça coûte plus cher", explique-t-elle, tout en espérant entretenir un "cercle vertueux", à force d'appels d'offres.
En France, la restauration collective représente 3,6 milliards de repas par an, l'objectif étant d'atteindre 50% de produits bio ou locaux d'ici 2022 en restauration collective.
jpa pour ALV (sjources archives AFP)
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