La piscine Tournesol de Caudry,
sauvée in extrémis de la démolition,
récupérée par un galeriste,
passionné de l'architecture des années soixante.
Devant l’immense piscine en forme de soucoupe volante, ce mardi matin, deux camions immatriculés 66 sont garés. Les visiteurs n’ont ni bonnet de bain, ni maillot, et pour cause le bassin est fermé au public depuis décembre 2014. L’ambiance est plutôt à la salopette et aux clés à molettes. Clément Cividino galeriste perpignanais et son équipe ont entrepris de démonter tous les éléments intérieurs de la piscine :
« C’est du préfa, il suffit de tout déboulonner, numéroter chaque pièce et photographier l’ensemble pour les remonter de l’autre côté », explique le collectionneur. Bancs en plastique, cabines de douches, parois, hublots… Tout repart en kit direction Perpignan, même le guichet à l’allure de capsule spatiale. Les formes organiques, rondes, ludiques et le jaune criard en plastique Matra de l’équipement municipal sont le symbole d’une époque :
« C’est la conquête de l’espace, la Guerre froide, la libération des moeurs, la maîtrise des nouvelles matières comme le plastique et la fin du bois et du métal », enchaîne le galeriste de 32 ans.
« Quand j’ai commencé à collectionner des chaises en plastique à l’âge de quinze ans tout le monde se fichait un peu de moi… », aujourd’hui ses pièces sont vendues à l’international à des particuliers, décorateurs ou exposées en musées ou galeries. Celles de la piscine
caudrésienne serviront probablement à agrémenter son exposition consacrée au design qui vient de s’achever à Bruxelles mais reviendra prochainement en France.
C’est l’appel d’offres à démolition de la piscine lancé par la municipalité qui a mis le galeriste sur le chemin de Caudry.
« J’avais déjà récupéré quelques pièces dans des piscines Tournesol, en Alsace notamment, mais je n’ai jamais eu un tel accueil ! » Entre lui et la mairie, aucune question d’argent :
« la mairie a signé un contrat avec le démolisseur Lorban chargée de tout nettoyer et évacuer, nous nous sommes arrangés avec elle.» Reste une chose à régler : Clément Cividino aimerait revenir pour récupérer la toiture afin de la reconstituer en partie au moins à Perpignan. Pas certain pour l’instant que le Tournesol repousse, faute d’autorisation sur place, mais il aura déjà semé de nombreuses graines.
Un programme industriel
En réaction aux très mauvais résultats de la France en natation lors des jeux olympiques de 1968, une campagne nationale de construction de piscines a été lancée à travers le pays. C’est à cette époque que les piscines Tournesol poussent comme des champignons. « L’architecture préfabriquée du bâtiment est emblématique de cette phase de construction industrielle », précise Clément Cividino. Le modèle conçu par l’architecte Bernard Schoeller a été construit à 183 exemplaires, il n’en reste que quelques unes dont celle de Cambrai toujours en activité ! Pour accompagner sa démarche, le galeriste recherche des documents d’archives sur ces piscines.
(contact clementcividino@gmail.com (mailto:clementcividino@gmail.com)
La deuxième vie de la piscine Tournesol de Caudry
démontée pour être exposée à Perpignan
(Par Rafaela Biry-Vicente, France Bleu Nord et France Bleu Roussillon Vendredi 29 avril 2016 à 18:59)
Spécialiste des démontages insolites comme celui de la cafétéria de l'ancien aéroport de Berlin ou encore du mobilier de plusieurs villages vacances, Clément Cividino et son équipe récupère tout ce qu’il peut en démontant la piscine Tournesol de Caudry, oeuvre de Bernard Schoeller qui a l’époque avait gagné un appel d’offre dans le cadre du programme "1000 piscines" pour construire 183 de ses structures plastiques qui ressemblent à des soucoupes volantes et dont l’intérieur est fait de préfabriqués de couleur pétante.
Celle de Caudry est restée intacte, aucune modification depuis cette période, ce qui est
extrêmement rare pour ces piscines dont il ne reste plus que quelques exemplaires.
Clément Cividino est donc en train de démonter les bancs, cabines de douches, etc de cette piscine promise à la destruction, il reviendra d’ici 15 jours pour récupérer des pans de toit avec leurs hublots si spécifiques. Le Perpignanais va ensuite faire une exposition sur ces piscines Tournesol, qui étaient à l’époque une vraie prouesse technique française.
Une première expo est programmée pour 2017