Déconsommation généralisée,
sauf dans l'alimentaire Made in France,
indépendamment des effets Gilets Jaunes.
La forte baisse de fréquentation des magasins constatée par les organisations professionnelles du commerce s'inscrit dans une profonde régression de la consommation des ménages. Les manifestations des Gilets jaunes ont évidemment freiné l’activité commerciale des derniers mois qui n'a pas été pour autant compensée par le développement du e. commerce. La déconsommation est constatée dans l'ensemble des secteurs de la distribution, équipement de la maison, textile, chaussure, produits d'entretien, ..., sauf dans l'alimentaire estampillé Made in France.
La fédération Procos qui regroupe 260 enseignes principalement dans les centres commerciaux, constate la baisse des ventes de 7 % en novembre et de 4 % en décembre, représentant en moyenne pour cette période de l'année, plus de 10 % du chiffre d'affaires annuel.
Pour les villes moyennes avec généralement une activité commerciale en périphérie, impliquant la dépendance de mobilité liée à l'utilisation de la voiture individuelle, les commerçants ont vu leur situation financière se dégrader un peu plus, comme pour ceux des centres de grandes villes directement exposés aux manifestations du samedi. La fréquentation de la clientèle s’est effondrée généralement de 10 à 25 % sur l'ensemble des grands pôles de consommation, y compris pour la période des soldes des premières semaines de janvier et les sites internet du e.commerce n’ont pas récupéré de surplus d'activité.
La plupart des enseignes réduisent leurs projets d’investissement, beaucoup abandonnent certains points de vente, négocient la baisse des loyers auprès des foncières qui possèdent les murs des centres commerciaux où bon nombre d'espaces se libèrent indépendamment des prix qui sont en tendance baissière.
Le coup de gel provoqué par le mouvement des Gilets jaunes est d'autant plus révélateur qu'il pose la question du pouvoir d’achat à l'ensemble des consommateurs y compris ceux de la classe moyenne.
Le ralentissement de fréquentation des centres commerciaux a été amorcé bien avant les mouvements sociaux de ces derniers mois.
Il y a plus de 5 ans, après les contrecoups de la crise financière de 2008, la fréquentation des magasins a baissé de 4% en moyenne chaque année. Cette tendance a été masquée par la nouveauté des ventes à distance sur internet, qui n'est en réalité que profitable à quelques grandes enseignes du secteur comme Amazon, Cdiscount etc., ne redressant pas pour autant les chiffres de la consommation.
Les analystes révèlent clairement la stagnation des pouvoirs d’achat, soit la baisse du pouvoir de dépenser inversement proportionnelles aux dépenses contraintes des loyers, impôts, taxes et abonnements fixes de toute sorte.
La déconsommation structurelle s'installe pour la plupart des familles et dans tous les secteurs sauf sur deux créneaux :
1: les biens alimentaires. Toutes les chaines de la grande distribution ont enregistré une hausse de chiffres d’affaires sur les produits alimentaires de qualité et souvent bio.
2: le made in France. L’ensemble de la distribution note une préférence pour l’acquisition de produits franco-francais, même si le prix est plus élevé qu’un produit identique importé. L'agro-alimentaire des marques locales ou régionales développent le LOCAVORE en véhiculant l'image gage de qualité et d'identité, réaction que l'on retrouve au plan national dans l’équipement de la maison, le prêt à porter et l‘automobile.
L'installation durable de ce phénomène marque la transition des modes de consommation dont les offres sont de plus en plus analysées par le consommateur à l'aulne de la qualité, de l'origine et des méthodes de fabrication. L’impact environnemental qui laissait le consommateur relativement indiffèrent il y a encore 5 ans, constitue aujourd'hui un critère de choix primordial pour la grande partie des consommateurs plutôt chez les jeunes, les femmes, et pas spécialement les plus aisés.
La tendance à la déconsommation s'est démarginalisée du phénomène de boboïsation en s'installant comme un phénomène de société en mutation, capable d'envoyer un message clair aux industriels et aux distributeurs.
ICI COM'AILLEURS, il est grand temps
de reprendre collectivement conscience
de notre capacité à récupérer
notre autonomie alimentaire,
dont on nous a peu à peu dépossédé,
en nous apprenant à pousser
la voiture sans moteur vers la caisse.