mercredi 13 février 2019

Déconsommation en cours

Déconsommation généralisée, 
sauf dans l'alimentaire Made in France, 
indépendamment des effets Gilets Jaunes.




La forte baisse de fréquentation des magasins constatée par les organisations professionnelles du commerce s'inscrit dans une profonde régression de la consommation des ménages. Les manifestations des Gilets jaunes ont évidemment freiné l’activité commerciale des derniers mois qui n'a pas été pour autant compensée par le développement du e. commerce. La déconsommation est constatée dans l'ensemble des secteurs de la distribution, équipement de la maison, textile, chaussure, produits d'entretien, ..., sauf dans l'alimentaire estampillé Made in France. 
La fédération Procos qui regroupe 260 enseignes principalement dans les centres commerciaux, constate la baisse des ventes de 7 % en novembre et de 4 % en décembre, représentant en moyenne pour cette période de l'année, plus de 10 % du chiffre d'affaires annuel.  

Pour les villes moyennes avec généralement une activité commerciale en périphérie, impliquant la dépendance de mobilité liée à l'utilisation de la voiture individuelle, les commerçants ont vu leur situation financière se dégrader un peu plus, comme pour ceux des centres de grandes villes directement exposés aux manifestations du samedi. La fréquentation de la clientèle s’est effondrée généralement de 10 à 25 % sur l'ensemble des grands pôles de consommation, y compris pour la période des soldes des premières semaines de janvier et les sites internet du e.commerce n’ont pas récupéré de surplus d'activité.



La plupart des enseignes réduisent leurs projets d’investissement, beaucoup abandonnent certains points de vente, négocient la baisse des loyers auprès des foncières qui possèdent les murs des centres commerciaux où bon nombre d'espaces se libèrent indépendamment des prix qui sont en tendance baissière.
Le coup de gel provoqué par le mouvement des Gilets jaunes est d'autant plus révélateur qu'il pose la question du pouvoir d’achat à l'ensemble des consommateurs y compris ceux de la classe moyenne. 
Le ralentissement de fréquentation des centres commerciaux a été amorcé bien avant les mouvements sociaux de ces derniers mois. 
Il y a plus de 5 ans, après les contrecoups de la crise financière de 2008, la fréquentation des magasins a baissé de 4% en moyenne chaque année. Cette tendance a été masquée par la nouveauté des ventes à distance sur internet, qui n'est en réalité que profitable à quelques grandes enseignes du secteur comme Amazon, Cdiscount etc., ne redressant pas pour autant les chiffres de la consommation.



Les analystes révèlent clairement la stagnation des pouvoirs d’achat, soit la baisse du pouvoir de dépenser inversement proportionnelles aux dépenses contraintes des loyers, impôts, taxes et abonnements fixes de toute sorte. 
La déconsommation structurelle s'installe pour la plupart des familles et dans tous les secteurs sauf sur deux créneaux :
1: les biens alimentaires. Toutes les chaines de la grande distribution ont enregistré une hausse de chiffres d’affaires sur les produits alimentaires de qualité et souvent bio.
2: le made in France. L’ensemble de la distribution note une préférence pour l’acquisition de produits franco-francais, même si le prix est plus élevé qu’un produit identique importé. L'agro-alimentaire des marques locales ou régionales développent le LOCAVORE en véhiculant l'image gage de qualité et d'identité, réaction que l'on retrouve au plan national dans l’équipement de la maison, le prêt à porter et l‘automobile.
L'installation durable de ce phénomène marque la transition des modes de consommation dont les offres sont de plus en plus analysées par le consommateur à l'aulne de la qualité, de l'origine et des méthodes de fabrication. L’impact environnemental qui laissait le consommateur relativement indiffèrent il y a encore 5 ans, constitue aujourd'hui un critère de choix primordial pour la grande partie des consommateurs plutôt chez les jeunes, les femmes, et pas spécialement les plus aisés.
La tendance à la déconsommation s'est démarginalisée du phénomène de boboïsation en s'installant comme un phénomène de société en mutation, capable d'envoyer un message clair aux industriels et aux distributeurs.


ICI COM'AILLEURS, il est grand temps 
de reprendre collectivement conscience 
de notre capacité à récupérer 
notre autonomie alimentaire, 
dont on nous a peu à peu dépossédé, 
en nous apprenant à pousser 
la voiture sans moteur vers la caisse.

jpa pour ALV

samedi 2 février 2019

Plaidoyer / Domaine de Nodris


Monsieur le Président de la Communauté de Commune 
Médoc Coeur de Presqu’île, 
Mesdames les Conseillères, Messieurs les Conseillers, 




Par ma voix et au nom du groupe ALV "Autrement La Ville", je viens humblement vous interroger sur les décisions que nous aurons à prendre prochainement, engageant nos votes, en tant que représentants de nos concitoyens représentés, dans le contexte républicain et démocratique de nos institutions. Ce plaidoyer est d’autant plus motivé, qu’il s’inscrit dans les prises de conscience qui nous animent tous en cet épisode majeur de notre histoire française que nous vivons en direct. 

Suite au compte rendu N° 18 de la réunion informelle du conseil communautaire du 10 décembre 2018, permettez que nous reprenions point par point ce qui est énoncé, à propos du projet d’acquisition du Domaine de Nodris et des objectifs politiques proposés dans le cadre de l’élaboration du projet culturel et artistique communautaire:


Soutenir, Valoriser, Promouvoir et Développer l’existant:

actions “Projecteurs” / 

Quels exemples ont été élaborés pour soutenir cette formule? 

En quoi le site de Nodris serait-il particulièrement vecteur de ces actions? 

actions de rayonnement communautaire / 

De quelle nature de rayonnement est-il question? 

Rayonnement des événements ou rayonnement de l’identité MEDOC? 

Quels exemples ont été évoqués pour soutenir cette formule?

apport de nouvelles propositions / 

Pourquoi réduire l’esprit d'innovation aux contraintes d'un lieu, là où une réflexion menée librement dans le contexte d’une commission, serait probablement plus fructifiante pour un projet culturel d’envergure?

mutualiser les équipements techniques / 

En quoi le choix de ce lieu favorise t-il plus qu’ailleurs cette pratique de bon sens?


Favoriser la cohérence et la lisibilité:  

création d’un outil de suivi partagé / 

Quelle qualité particulière du Domaine de Nodris soutien cette ambition? 

aider à l’élargissement du réseau des acteurs / 

En quoi ce lieu peut-il plus qu’ailleurs aider à cette action en rhizome? 


 Agir pour l’égalité d’accès:

rapprocher les publics les plus éloignés / 

De quel éloignement parle-t-on? 

Celui qui ne peut être résolu que par des déplacements en voiture?
                                                                                                                                                        Personne ne pouvant s’y rendre en circulation douce ou en transport en commun, la pluralité des publics ne sera donc pas particulièrement rapprochée à cet endroit. 

pluralité des formes et des genres / 

Il serait peut-être plus judicieux de définir en priorité l'identité forte du projet. 

L’ associer dans un second temps à un lieu, impliquera en temps utiles, la pluralité des formes et des genres.

travailler sur la mobilité 

Si telle est l'intention, pourquoi choisir l’isolement? 

Pourquoi ne pas être en synergie avec la ville et se renforcer réciproquement? 

veiller à l’accessibilité financière 

Cet engagement n'aura que la vertu de chercher à compenser les frais individuellement subis par des visiteurs accédant à un lieu isolé. 


Eveiller et Former:

favoriser l'ouverture culturelle et l'esprit critique /

En quoi cette formule serait-elle soutenable à Nodris plus qu’ailleurs?

favoriser la pratique de tous /
                                                                                                                                                    Une fois de plus, pour qu’un lieu suscite l’intérêt du plus grand nombre, encore faut-il qu’il soit rendu accessible par la pluralité des moyens d'accès. 

accompagner les parcours artistiques et culturels / 

Par quels accompagnants? 

Forcément, des intervenants qui s’y déplaceront … uniquement en voiture … ce qui nous éloigne des perspectives de transition environnementale, de fluidité des déplacements pour d’éventuels intervenants, pouvant venir notamment de Bordeaux et directement par le rail. 

formation aux différents métiers d’action culturelle et artistique / 

L’éloignement de la gare sera un handicap en temps et argent pour les stagiaires d’ici ou d’ailleurs, comme pour les formateurs. 


Contribuer à l’attractivité du MEDOC:

favoriser le rayonnement élargi 

Plus on élargit l’ambition du rayonnement, plus la pluralité des moyens d’accès est indispensable, l’unique accessibilité par réseau routier ne pouvant prétendre à satisfaire le rayonnement élargi. 

soutenir les projets innovants / 

En quoi ce lieu peut-il motiver les projets novateurs plus qu’ailleurs?

L’innovation est une question de stimulation entre des personnes échangeant sur des sujets communs, avant d’être une recherche d’espace disponible. 

rechercher l’identité culturelle et artistique du territoire / 

Il serait donc bon de commencer par ce travail là, à l’économie, simplement par le croisement des connaissances et des analyses raisonnées envers le territoire. 

Il n’y a donc pas besoin de s’imposer les contraintes d'un lieu pour cela. 

Ce n’est pas le décor qui fait le film, mais le scénario qui conditionne le choix d'un décor adéquat, comme le vin est fait dans l’ombre par le maître de chais. 

Le flacon porte l’étiquette du Château mais ce n’est pas la qualité bâtie du Château qui fait le vin. 

Autres réactions A.L.V. sur les commentaires du compte rendu n°18:

Si le projet consiste à prétendre à une vitrine du territoire, le premier travail consiste alors à établir un cahier des charges. Les diversités du territoire, en analyses pluridisciplinaires croisées, induiront le choix d’un responsable du projet culturel. Celui-ci serait alors en responsabilité de la recherche du lieu, géo-stratégiquement le plus adapté au projet. Les questions sur les prêts, locations, prestations et mutualisation de matériel sont en ce sens trop anticipées. Le lieu, celui-ci ou un autre, destiné à porter haut l’identité du Médocdoit être déterminé en fonction du projet établi. 

S’il doit être réellement question d’identité, 

il faut donc que l’ensemble des médocains de toute condition, 

puisse s'y reconnaitre, en partage avec des visiteurs de tout horizon,

découvrant une identité culturelle avérée, patrimoine commun où tout le monde 

peut y apprendre un peu plus sur soi et sur son rapport à l’autre.

Comment un festival de Reggae peut-il avoir sa place dans l'ambition d’une identité culturelle du MEDOC? Si nous ne voulons pas créer de polémique avec l’ensemble des arguments à charge et à décharge, il serait préférable de ne pas s’appuyer sur une manifestation éphémère. La pérennisation du festival pourrait donner au lieu son identité prédominante, les autres activités ou actions devenant alors bien accessoires au cours de l’année, en comparaison à une forte affluence sur 3 jours pour l'organisateur locataire...qui bénéficierait par ailleurs d’une option d’achat à 15 ans? ... obligeant donc au préalable à un débat d’intérêt général en parfaite transparence.

En revanche, lorsqu’il s’agit de s’interroger sur l’accueil des enfants, la réponse n’est qu'un nouvel aveu d’inexistence de projet puisque je cite: "Tout dépend du projet culturel”.

Quant aux prospectives d’exploitation qui nous sont présentées, je vous fais grâce de l’indécence des chiffres quels qu’ils soient, puisqu’ils ne sont en rien vérifiés par la moindre contre expertise. 

Dans la période actuelle caractérisée par la perte de confiance des citoyens envers leurs institutions et leurs représentants, j’en appelle à la raison en replaçant les investissements pour lesquels nous avons la responsabilité de décision et qui doit aujourd’hui plus encore, obéir à l'ordre des priorités.

Depuis la fermeture puis la destruction précipitée de la piscine Patrimoniale de Lesparre, nous ne remplissons plus le contrat régalien du programme des 1000 piscines, engagé sous la présidence du Général de Gaulle, consistant sur tout le territoire, à donner accès à l’apprentissage de la nage à l’ensemble des enfants de la république. Je vous rappelle qu’en Avril 2013, la ville et la CDC avaient voté la remise en état de l’existant, nécessitant un an de fermeture, décision remise en cause juste après l’échéance électorale de 2014, provoquant la fermeture définitive au profit d'un projet de parc aquatique, dont l’inauguration était promise pour janvier 2018. A ce jour, les travaux ne sont toujours pas engagés et depuis bientôt 5 ans, une génération d’enfants a été privée d'un service public de base, impactant de fait l’ensemble des familles.

Si l’on rajoute à cette priorité de piscine, la priorité du dossier de réhabilitation de la Gendarmerie, j’aurai du mal à croire chères et chers collègues, à l’heure où la violence sociale s’exprime en actes violents envers la République, que la majorité de nos votes persiste avec la frénésie qui semble s'être invitée dans le projet Nodris.

Chères et chers collègues, j’aurai du mal à croire que nous puissions collectivement réduire notre ambition pour le Médoc, à une simple acquisition immobilière prématurée, quand le projet culturel communautaire reste encore à définir, dans l’intérêt du rayonnement de notre territoire. 


Bien cordialement à toutes et à tous.

Charlotte Fargeot & le groupe "Autrement La Ville”

 
 
Charlotte Fargeot pour ALV