N’ayons pas peur, faisons notre choix, exprimons le en votant et assumons le en arrêtant de nous plaindre.
Trop de femmes et d’hommes politiques se sont brûlés les ailes à l’exercice de la médiatisation. A trop vouloir être populaire, conduit immanquablement à une forme nouvelle de populisme. Il n'est désormais question que de séduire et d’exister dans le bruit médiatique ambiant, bien plus que de défendre des idées. En se précipitant sur les plateaux de télévision pour participer à des émissions de divertissement, en acceptant de bonne grâce d’être moqués, les politiques espèrent se montrer sympathiques au public en se pliant à l’exercice de l’autodérision, ce qui ne contribue malheureusement qu'à rabaisser l’engagement politique au plan de la société du spectacle.
Un responsable politique doit avant tout être efficace et compétent, nonobstant sa personnalité perçue de façon plus ou moins sympathique et avenante. Une personne en responsabilité politique, forte d’avoir pu susciter de par son engagement, la confiance de ses électeurs, se doit de communiquer pour bien remplir sa mission, mais pas au point d’être médiatiquement connu pour ses choix dans sa vie personnelle, préférences musicales, littéraires ou sportives. Le travail au service de l’action publique, souvent austère et quasi sacerdotal, ne requière pas les talents de comédien ou de clown, les responsables politiques n’appartenant pas pour autant à une classe à part. Ce sont des Français parmi les Français, de toutes les provinces, de tous les métiers et de tous les horizons, chacun venu avec son bagage, sa famille et son histoire, tous sortis du rang pour servir la collectivité et défendre leurs idéaux, sans être rattachés à un syndicat ou une corporation. En république, les serviteurs de l’État et du service du peuple ne font qu’un, agissant au nom des concitoyens, dans le cadre d’un mandat accordé par des électeurs, qui n’attendent pas qu’ils s’inclinent mais qu'ils assument avec lucidité, la prise en charge des affaires de la cité.
Sur ces principes, n’ayons donc pas peur d’établir nos choix, de telle sorte que nous puissions voter pour des lois et non pour des maîtres et encore moins pour des clowns.
N’ayons pas peur, votons et plus tard, ne nous plaignons pas, car nous n'avons que les hommes et les femmes politiques que nous avons choisis et que par conséquent nous méritons tous, ceux qui ont voté, satisfaits ou regrettant de s’être trompés, ceux qui se sont abstenus et qui s’abstiendront encore sans s’abstenir de commentaires et enfin, ceux qui ont combattus mais qui n’ont pas été assez fort pour obtenir la majorité des suffrages.
Ne nous plaignons pas, car les élus font ce que nous leur permettons de faire et bien plus encore lorsque nous sommes divisés, comme cet éternel peuple de chefs gaulois, dont Jules César aimait tant vanter la bravoure pour mieux valoriser ses propres victoires.
En France, chacun estime avoir un droit de tirage sur l’État qui serait donc conduit à tort par d’autres. Chacun a en réserve sa propre solution aux problèmes de l’heure, sauf que dans les reproches que nous adressons à nos politiques, une bonne partie revient interroger nos consciences et nos comportements de citoyens de la société de l’égoïsme sacré, cultivant le chacun pour soi et le rien pour les autres. Notre société subi entre autres dérégulations, les incivilités issues de la même source que celle de l'individualisme et du matérialisme, là où les droits et les devoirs ne sont plus en échanges équilibrés.
Alors, on fait confiance aux médias, confectionneurs des sondages qui, tout en présentant de vrais résultats dans la plupart des cas, finissent par orienter et impacter l’opinion par l’effet de récurrence des diffusions. Gouverner par les sondages, c’est comme un hypocondriaque qui prend sa température tous les matins, il entretient son inquiétude mais ne se soigne pas pour autant.
Ainsi, la démocratie d’opinion fait des ravages, débouchant sur des lois de circonstances, démagogiques et émotionnelles, inspirées par les faits divers de l’actualité, une forme de communisme des affects simultanés, sans prise sur le monde réel, avec comme exemple récent, le "Grand Débat national" en guise d'hyper thermomètre.
La démocratie d’opinion va aussi au-devant d’une démocratie des réseaux sociaux, qui n’en est pas une car elle assure la diffusion massive d’informations non traitées par des journalistes, non vérifiées, non triées et qui prennent souvent la forme de lieux communs et d’idées reçues, exprimées avec véhémence et de façon péremptoire, quand elles ne reposent pas purement et simplement sur des fake news, rumeurs et calomnies s’y propageant à la vitesse accélérée.
Internet a propulsé le café du commerce à l'échelle de la démesure de la mondialisation mais, ce qui est du domaine de la politique de la France ne peut utilement et démocratiquement être débattue qu'au Parlement. Les réseaux sociaux fournissent certes de nouveaux instruments d’expressions et de récoltes d’information, mais pas au point de déconstruire par la cacophonie, les principes fondamentaux d’une société démocratique, fondée sur la représentation et la délibération, la loi ne pouvant être dictée par les réseaux sociaux, dont les acteurs ne représentent in finé qu’eux-mêmes.
La loi doit être faite par les représentants. Les représentés doivent être prioritairement intéressés plus par les lois que par les représentants. Cela ne dispense pas pour autant ces élus représentants, de prendre en considération les différences d’opinion et de s’en inspirer, dans les règles qui doivent être respectées pour pouvoir légiférer.
Un parlementaire ne peut pas accepter d’être traité comme un commis, que ce soit par son parti ou par ses électeurs, comme il ne peut être l’exécutant servile d’une prétendue volonté générale révélée par les sondages, sous prétexte que les Français voudraient ceci ou rejetteraient cela. Chacun peut s’exprimer en France, mais personne d’autre que celles et ceux qu’ils ont élus n’a le droit de parler en leur nom et qui ne peut être réduit à des chiffres, dictés par un grand corps sondagier anonyme, mû par une mécanique sans âme. Qui mieux qu’un élu pourrait parler au nom de tous ces Français, qui s’expriment jour après jour dans nos permanences et partout où ils se retrouvent dans les manifestations de la vie locale ? Quand discussion il y a, l’exercice s’avère souvent réduit à répondre par oui ou par non à des questions binaires qui ne se poseraient pas spontanément.
Les troubles apportent toute la complexité des êtres de chair et de sang qui les animent. Ce ne sont pas des « sondés » mais des hommes et des femmes de tout âge et de tout métier, pris dans la trame de leur propre vie, forcément singulière. Ils ne sont pas rangés en catégories socioprofessionnelles, ils s'appellent chacun par leur nom.
Cependant, un parlementaire ne peut pas être le relais de tout ce qui est contre, de tout ce qui ne veut rien changer. S’il se montre ouvert à tous les vents, prenant au vol les idées les plus contradictoires, se soumettant à la coalition hétéroclite des mécontents et des donneurs de leçons, alors c’est un bouchon flottant à la surface de l’eau, ou une simple courroie de transmission. N’oublions pas les leçons de nos anciens. La Constitution dit que « Tout mandat impératif est nul » et elle a raison.
De plus en plus, les parlementaires sont sommés de devenir une sorte de miroir des Français. Ils devraient ainsi ressembler à leurs électeurs dans toutes leurs diversités, et chercher à faire ce qu’on leur demande, et non ce qu’eux-mêmes croient juste. Cela peut paraître naturel en démocratie mais il faut se méfier des apparences, car cela peut aussi se révéler dangereux pour l’intérêt général.
D’après des extraits de "Les Chemins de la République"de Philippe Bas
(Président de la Commission des Lois constitutionnelles du Sénat),
publié aux éditions Odile Jacob
nous aurons toujours les élus que nous méritons,
nous serons toujours responsables de nos choix,
pour ceux qui regrettent aujourd’hui
de s’être trompés hier,
pour ceux qui se sont abstenus
et qui s’abstiendront encore,
comme pour ceux qui ont combattu
et qui n’ont pas été assez forts,
ne nous plaignons pas
de l’expression de nos faiblesses
et plutôt que de toujours choisir entre
ce qui nous arrange et ce qui nous ressemble,
n’ayons pas peur de choisir ce qu’il nous faut,
pour permettre à Lesparre-Médoc
d’accéder à son destin de Capitale du Médoc,
avec une politique Agri-Culturelle de la ville,
pour plus d'autonomie,
Alimentaire, Economique et Culturelle,
pour que ses habitants et plus largement
l’ensemble des médocains,
ne soient plus stigmatisés et humiliés
comme des moins que rien.
La notion d’autonomie alimentaire a été un sujet
discuté au sénat le 12 décembre 2019.
Jean-Pierre Alcouffe pour Autrement La Ville