vendredi 21 décembre 2018

Landescòt & Ribeyron ...Virtù & Fortuna





"Le pouvoir gouverne toujours 
comme les gouvernés gouverneraient 
s’ils avaient le pouvoir" 
(Jean Giono)


Deux poids deux mesures, entre légitimité et arbitraire, quand le mode de scrutin déséquilibre de manière caricaturale la représentation nationale et quand les politiques de discriminations positives mettent à mal un élitisme républicain qui ne fait fond que sur les « capacités », les « vertus » et les « talents » (art. 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen)

Deux poids deux mesures, entre légitimité et arbitraire, en termes de fiscalité, directe ou indirecte.

Deux poids deux mesures, entre légitimité et arbitraire, dans les sanctions des violations de l’ordre républicain, face aux contrôles ou face aux juges.

Deux poids deux mesures, entre légitimité et arbitraire, l’adaptation aux circonstances, comme pour Virtù & Fortuna... 


Si l’on persiste à croire que la République n'est pas l’anarchie, c’est de l’application déséquilibrée d’une même contrainte légale que naît ici un sentiment d’illégitimité, sinon de la norme, au moins du pouvoir chargé de l’appliquer, et par voie de conséquences, un refus d’obéissance ou un soutien à ceux qui osent ce refus. 

Quand un pouvoir se sent menacé par les citoyens qui ne croient plus en lui, il réprime plus sévèrement et perd plus encore la confiance des citoyens qui doutaient, sans pour autant en fidéliser d’autres. 

L'arbitraire peut alors consacrer tous ses moyens à détruire l’ouvrage, en s'attaquant à la base de tout avantage : la durée, dans laquelle s'est invité au fil du temps, l'amélioration par l'affinage. 
L'idée d'illégalité, d'instabilité, accompagne nécessairement tout ce qui n'a pas été pris en compte et qui viendra tôt ou tard l'exprimer par la violence portée si nécessaire à son paroxysme, pour qu'il ne soit plus possible de rétrograder, ce qui pourrait devenir le plus grand risque du conflit actuel. 

Nous vivons depuis des années dans une République à démocratie limitée, par la conviction, chez beaucoup de représentants du monde dirigeant, que le monde est devenu beaucoup trop complexe pour être dépendant de décisions populaires. Le monde, se pensant débarrassé du communisme, est désormais porté par le communisme des affects simultanés dans l'extraordinaire prolifération de l'information, devenu beaucoup trop complexe pour les dirigeants eux-mêmes. 

Les défis planétaires, instrumentalisés en mantras de la pensée unique par la boucle de l'information globalisée, sont suffisamment couverts pour prendre localement les bonnes décisions, là où il s'avère impossible de prendre une seule bonne décision au niveau global, souvent hors sol et très loin du terrain. Le sentiment général d’impuissance et d'insécurité, nourri peu à peu le désir de survie pour des individus préférant décider pour eux-mêmes et par eux-mêmes. 

Depuis plusieurs décennies, le monde dirigeant impose des solutions dites globales en écrasant de fait les dynamiques locales. Les citoyens ordinaires ayant désormais suffisamment d'informations à disposition, peuvent s'organiser rapidement en temps réel par les réseaux. Le monde dirigeant s'obstine à penser qu'il s'agit là d'une aberration et regarde de haut cette France des pays et des terroirs où certaines analyses par l'observation ont plus de bon sens que dans bien des instances de décisions, parisiennes, bruxelloises ou washingtoniennes. 

Le principe même de notre monde en ryzhome 
oblige désormais à penser 
le remaillage des territoires connectés 
comme expansion du savoir 
par croisement des connaissances.

Les tenants de la République à démocratie limitée ont complètement perdu l'habitude des grands débats politiques. Il est grand temps de comprendre qu’élire c’est ne pas voter pendant un certain temps. Il est grand temps d’accéder à plus de démocratie en votant pour des lois au lieu d’élire des maîtres. Etre dirigeant ne doit plus se limiter à rencontrer ses semblables dans des aréopages internationaux et n'être soudainement à l'écoute de son propre peuple qu’au moment des élections. 

La plupart des élus locaux n’échappent pas à la règle en prenant pour exemple leurs grands modèles instaurés plus particulièrement depuis l’aire mitterrandienne par des candidats à la présidence de la République qui rusent avec le peuple, au service des ambitions globalistes de marchandisation du monde, tout en revêtant des panoplies politiquement présentables et donnant à l’électorat l’illusion de décider. L'actuel président se trouve en fonction au moment de rupture prévisible où le système de République à démocratie limitée est à bout de souffle.
Notre histoire politique a marqué le monde par la révolution de 1789, l’accès au meilleur-être de tous ayant muté pour le bien-être de chacun, par la généralisation de la culture réduite au culte de la consommation. Chaque classe sociale aspire à acquérir les biens et les pratiques de la classe qui lui est immédiatement supérieure et à s’éloigner de la classe qui lui est inférieure, en empruntant les marqueurs du consumérisme comme monte-charge social.

En parallèle de l’évolution de la consommation, on assiste à celle de la distribution, de la boutique à l’hyper marché en passant par le Grand Magasin, à l’apparition de la vente à crédit en ligne, parallèlement à l'accélération des modes de production, de l’artisanat à la production de masse standardisée.
Si le clivage "France périphérique" contre "France d'en haut” surprend les globalistes, c'est qu'ils se sont eux même intoxiqués au point de ne plus sentir d’où vient le vent. L’ampleur de ce mouvement de société vient de très loin et provoque un statu quo qui ne donne pas obligatoirement de direction fédératrice. La verticalité et l’horizontalité ont besoin d’oeuvrer non pas en fusion mais en interdépendance par une forme transversale instruite équitablement de part et d’autre.
Ici Com’ ailleurs
et peut-être ici plus qu’ailleurs, 
le double Médoc, 
celui du Médoc Ribeyron 
et 
celui du Médoc Landescòt
doit s’enrichir des différences qui les opposent 
et du territoire qui les uni malgré eux. 

C’est un long travail pluridisciplinaire 
qui reste indispensable à la reconnaissance 
de l’identité légitime du Médoc, 
ne pouvant aboutir 
que par une volonté commune de la puissance des représentés 
et non par les décisions arbitraires du pouvoir des représentants. 
      

jpa pour ALV 

samedi 1 décembre 2018

Ici com' ailleurs ... le pouvoir d'achat


    
Ici com' ailleurs, 
avec les excès de la mondialisation, 
nous avons produit la France des Gilets jaunes 
et l’Occident des populistes.

immanence sociale 
contre
transcendance environnementale, 

fin du mois contre fin du monde


Le mouvement des gilets jaunes est in fine la manifestation d’une crise beaucoup plus conséquente qu’une simple crise économique, c'est une crise politique. Les perdants des excès de la mondialisation demandent des comptes à l’élite des pays occidentaux, à bout de souffle et à cours de réponses face au sentiment de panique exprimé dans la résurgence des mouvements populistes, en Europe et dans le monde.

La grande victoire de Donald Trump repose sur le paradoxe d’un milliardaire porte parole des perdants de la mondialisation. Bien qu'ayant créé une richesse globale jamais égalée, la mondialisation a répandu une forme de pandémie pour laquelle les perdants eux-mêmes, en acceptant de devenir des consommateurs, ont été à la fois la cible et le moteur.



La société se doit d’être défendue 
et protégée par ses élites. 

La Chine ne s’est pas toute seule autoproclamée en nouvel atelier industriel mondial sans l’autorisation du monde occidental. Nous en payons donc le prix par la perte de nos savoirs faire et le désenchantement de nos populations en déculturation chronique et engendrée par un demi siècle de consommation dérégulée. 

L’heure de la révolution numérique va ouvrir l’accès au développement par le digital, là où le secteur était encore réservé à une certaine catégorie. Numérique et mondialisation se sont mutuellement nourris en tenant une partie de la population à l’écart de l’accès à la richesse par la liberté d’entreprendre. Erasmus, carte de crédit et téléphone portable ont donné à des millions d’étudiants européens l’accès à cette capacité de s’inviter à la table de l’innovation, là où l’argent et la finance ne sont ni tabous ni obsessions. 



Aujourd’hui, les associations, les ONG, les groupes de solidarité conçoivent leurs développements en fonction de leurs capacités à accéder aux services financiers et ce, sur le même plan que l’accès à l’eau potable, aux réseaux de couverture numérique ou à l’énergie. 



Dès le début des années 80, les dérives de la mondialisation liées à celles de la finance ont proliféré avec l’accélération de la consommation via l’Organisation mondiale du commerce et le Fonds monétaire international. Suppression des douanes et privatisations des services publics se sont peu à peu imposées comme marqueurs du libre échange, gage d’un monde pacifié selon l'effet naturel défini par Montesquieu, celui du commerce apportant la paix. 



Depuis la fin des 70, le libéralisme a produit à la fois de plus en plus d’exclus et de plus en plus de dégâts environnementaux. Les parallèles de proliférations de pertes de lien social et d'équilibre écologique s'opposent aujourd’hui en hors phase. Le libéralisme dérégulé aura donc contenu la menace de guerres des uns contre les autres pour nous exposer aujourd’hui aux dangers d’un chaos de guerre de tous contre tous avec comme toile de fond, la menace environnementale. 



Egoïsme et prédation nous caractérisent un peu plus au fur et à mesure de nos évolutions sociétales. Le libre échange à l'excès devient la cause fondamentale de nos difficultés, ne servant jamais le bien commun mais les intérêts de particuliers en quête individuelle de puissance compulsive. Le libre échange reste étranger au temps long des notions humanistes qui ne peuvent cautionner "la politique du pas cher" au prix de l’exploitation humaine comme matière première, sous seul prétexte pseudo vertueux de réduire la pauvreté dans les pays émergeants. En conséquence, les emplois disparaissent en Europe et avec eux, la capacité d'autonomie par transmission du savoir faire, sans que pour autant, l’augmentation des profits de certains ne reviennent en investissements et recherche et développement. Ces profits mutent donc en activités purement spéculatives.



Pour le monde anglo-saxon et états-unien, fondateur du libéralisme, les crispations en retours de bâton d’un monde périphérique ont parlé par les urnes avec le Brexit et l’élection de Donald Trump. Finance spéculative en dérive vers finance illicite, reproduit à l’échelle de notre temps, le modèle des transgressions entre envie et avarice liées à l’argent. De “Off Shore” à “Paradis fiscaux”, la finance internationale reste hors sol de la régulation pendant que la colère des grands perdants du libre échange s'entend depuis la fenêtre d’improbables outsiders disposés à capter leurs déceptions de voir le rêve de la consommation ad vitam, s'achever pour cause de menace environnementale. 











LE POUVOIR D'ACHAT 




Il serait grand temps d’analyser l’élément de langage omniprésent et prédominant dans les discours de tous bords: le pouvoir d’achat. La boucle semble bouclée quand ce que revendiquent les uns n'est que la conséquence de ce que les autres ont toujours voulu: passer de la condition humaine à celle de consommateur, là où il y a peu, il était encore question de choisir un métier qui donne la confiance en soi et doit permettre de gagner sa vie honorablement par le fruit de son travail, il est aujourd'hui question d'accélérer et d'évaluer directement le pouvoir d'acheter avec les revenus d'un emploi quel qu'il soit. 

Ce pouvoir d'acheter le "tout tout de suite et pas cher" s'exerce dans les temples de la consommation, ces nouvelles cathédrales qui ont proliféré au nom d'une modernité déconstructiviste, en fausses villes périphériques de nos villes transmillénaires aujourd'hui prises en état de siège. Ce modèle de colonisation culturelle par l'hyperconsommation mondialisée transite vers la nouvelle dimension globalisée du e.commerce, dont les acteurs tirent les vrais avantages économiques par la défiscalisation organisée à très grande échelle. Les cathédrales du pouvoir d'achat ont fait leur temps d'évangélisation et vont laisser la place à la virtualisation compulsive généralisée du pouvoir d'acheter en un clic sans conscience, dans un monde globalisé en camps de consommation, controlé par l'hyper puissance de quelques dirigeants hors sol, le cercle des hyper riches inaccessibles qui ne reversent rien aux pays qu'ils avilissent, ceux qu'il ne faut pas confondre avec ces petits riches visibles et à portée de main.


Le gilet jaune est passé de l'obligation d'être dans le coffre de la voiture, invisible et préventif, à une lisibilité uniforme pour les déshérités d'une mondialisation heureuse, sur fond de monochromie étoilée et cousue main. Il aura fallu plusieurs guerres mondiales pour faire triompher cette grande OPA sur le genre humain, avec plusieurs décennies de portée à ébullition des pseudos vertus de la consommation comme principe de dépendance addictive et permanente, dans l'application d'une fiscalité indirecte et perverse envers ceux qui n'ont rien et qui à leur insu, obéissent à l'ordre de s'identifier, en choisissant au nom de la sécurité, le gilet jaune parce que c'est plus pratique que la ceinture.


  



Face à la lente augmentation des salaires, le galop du pouvoir d’achat vient imposer la dictature du pas cher par l’ouverture des marchés envers ceux qui pratiquent dans leur coin ce qui nous apparait comme l’indécence des salaires. Notre culpabilité est vite contenue lorsque les produits intègrent la grande distribution, qui devient à son tour une fabrique de travailleurs pauvres, qui peinent à accéder entre autre au logement, pendant que l’immobilier prospère sereinement des avantages de sa valeur refuge. Plutôt que d'augmenter les salaires permettant le choix de vie, la finance internationale a rendu le crédit accessible à taux bas pour promouvoir l'illusion bourgeoise de la propriété au prix du crédit à vie.    



L’interdépendance des économies ne permet plus l’isolationnisme d’un territoire pouvant entrainer des effets dommageables immédiats sur ses voisins. Comme pour l’OPEP, un nouvel ordre économique mondial doit s’imposer autour de la question du prix juste, en préservant à la fois l’emploi et les ressources naturelles, le social et l’écologie venant encadrer des conditions de vie plus décentes et plus conscientes en responsabilités pour les populations actuelles et futures. 



La dignité humaine considérant équitablement chaque individu, ne passe pas par l’individualisme. Nos héritages civilisationnels proviennent des interdépendances qui obligeaient à l’expérience de la pacification, là où la tyrannie du marché a pris le pouvoir mondial qui va s'étendre à la santé, l'éducation, la police, les services...
.
L’hyperconsommation nous a habitué au "tout tout de suite", à acheter un prix avant d’acheter le produit d'un savoir faire, reléguant l’esprit de solidarité à la religion cathodique et à une gestion par ONG interposée. 

Au nom de l'égalité, on demande plus de libertés individuelles en souhaitant qu'elles puissent s'inscrire dans l'histoire de la Liberté et la continuité d'intérêt pour le grand autre, la force de l'humanité par l'altruisme et l'interdépendance.




Ici com'ailleurs, 
l’égoïsme généralisé 
touche peut-être 
un nouveau point de Peter, 
une grande partie des classes sociales, 
impactées en consommateurs, 
réclament paradoxalement 
protection et solidarité.


 jpa pour ALV 

                    

lundi 12 novembre 2018

Civic Tech et démocratie

Les CIVIC TECH s'invitent au forum pour la paix. 

CIVIC TECH, ensemble des structures, outils et technologies, Associations, Collectifs citoyens, ONG, Start up, engagés dans l'intérêt général d'amélioration du système politique démocratique.

Le devenir de Lesparre-Médoc comme du territoire,
dépend d'un désenclavement
qui ne peut plus être entendu dans une notion de périmètre
mais d'inter-connexion au monde
engagé dans les transitions de son temps.


LE TERRITOIRE N'EST PAS UNE SURFACE.


jpa pour ALV 






Axel Dauchez 
Homme d'affaires et chef d'entreprise français.
École polytechnique, étudie l'ethnologie à l’École des hautes études en sciences sociales. 
Président de BDDP&Tequila interactive. 
Dirigeant d'Antéfilms puis MoonScoop, et Directeur général de Deezer  
Président de Publicis France jusqu'en 2016 puis lance Make.org une civic tech. 


A. : Quel est le but principal de cette charte ?
A. Dauchez : L'objectif principal de cette charte est de remettre dans la bonne direction la démocratie dans le monde. C'est donc très ambitieux. Ca part d'une reconnaissance du fait que la démocratie est extrêmement fragile et qu'elle aujourd'hui très challengée. 40% des gens considèrent que ce n'est pas forcément la bonne solution en France. Le modèle démocratique a du mal à être opérant dans nos sociétés actuelles, or c'est celui qui nous protège et permet la souveraineté populaire. Pour ces raisons-là, nous avons initié chez Make.org l'idée selon laquelle le point fondamental qui fragilise la démocratie actuellement, c'est ce sentiment d'impuissance publique. C'est-à-dire ce sentiment qu'elle n'est plus déterminante de l'environnement des gens et que le bulletin de vote ne permet pas de définir fortement notre avenir et l'avenir de nos enfants.
Ce sentiment d'impuissance publique génère deux choses. D'une part un désengagement massif du processus politique, c'est ce qu'on vit depuis 20 ans, où l'on observe une baisse de la confiance dans le processus démocratique. D'autre part, ça laisse la place à des discours extrêmes qui théâtralisent le pouvoir, qui affirment qu'ils vont tout changer. Ca laisse un espace politique très fort aux extrêmes. On le constate dans toutes les grandes dernières élections: l'Italie, les Etats-Unis…
On observe ce phénomène d'élections qui ne sont plus des lieux de réconciliation nationale mais plutôt d'expression d'oppositions extrêmes et qui mènent à des débats très populistes. C'est ça le problème majeur auquel est confrontée la démocratie aujourd'hui.

A. : Comment se traduirait cette volonté de façon plus concrète ?
A. Dauchez : C'est le cœur du problème et la réponse que donne la charte, cette initiative pour la démocratie durable, c'est de dire qu'il faut urgemment réimpliquer les citoyens dans le fonctionnement même des institutions, recréer une appropriation citoyenne sans se limiter simplement au processus électoral.
C'est pour cela qu'il y a de nombreux acteurs qui travaillent sur le sujet: c'est ce qu'on appelle les Civic Tech, des associations, des start-up, des entreprises qui depuis 10 ans essayent d'inventer toutes les manières de mobiliser les citoyens au service de l'intérêt général et de créer des connexions qui dépassent simplement le processus électoral.
Sur ce chemin pour réactiver la démocratie, on a réussi à convaincre des Etats, des villes, qui s'engagent à faire en sorte que leur fonctionnement et leurs institutions s'ouvrent aux citoyens au-delà des élections. C'est l'objet de la première partie de la charte où les Etats s'engagent.
En revanche les Etats disent en même temps : "si on s'ouvre en travaillant avec des gens de la Civic Tech, ils doivent s'engager à respecter un certain nombre de critères". On est sur un sujet extrêmement sensible et on est obligé de fixer des garanties qui font que cette évolution se fasse au service de la souveraineté nationale, en protection des données, en protection des citoyens.
C'est la dernière partie de la charte où les Civic Tech s'engagent à assurer ces critères de compatibilité avec la démocratie.

A. : Comment peut-on mesurer l'efficacité de ces mesures ?
A. Dauchez : Ce qu'on cherche tous dans cette alliance, c'est qu'on ait un mouvement de réappropriation citoyenne des institutions. Cela se manifestera via le nombre de personnes qui vont, indépendamment des élections, interagir dans la construction de la loi, dans la surveillance citoyenne du parlement, dans de la co-construction de politique publique. Il y a de nombreux volets qui vont permettre que les gens ne regardent pas l'Etat comme quelqu'un qu'ils ont élu et qui doit se débrouiller pour s'en sortir mais de permettre que ce soit les citoyens qui s'impliquent dedans directement. Donc le critère marquant sera le nombre de personnes impliqués durablement dans le fonctionnement de ces institutions.
Demain, nous aurons la signature avec l'accord de la France, de Taïwan, d'une trentaine de Civic Techs, de la Ville de Paris… Nous complèterons cette alliance au cours de l'année en intégrant toutes les CivicTech qui sont prêtes à respecter ces critères-là. L'idée est de construire une nouvelle norme du fonctionnement démocratique.
Nous sommes dans un terrain de jeu qu'on construit. Après dans chacun des pays et dans chacun des thèmes des Civic Tech, il faudra trouver des solutions.


A. : Vous expliquez que votre initiative peut potentiellement faire obstacle à des débats populistes pour protéger la démocratie. Mais si l'on prend des exemples de candidats comme Donald Trump, sa ligne politique n'entre pas en contradiction avec le principe démocratique. En quoi donner plus de contrôle et d'influence aux citoyens bloquerait-il le populisme ?
A. Dauchez : Les Civic Tech faisant parti de ce processus sont toutes non-partisanes. Il n'y a pas de logique consistant à porter un discours politique, partisan en faveur d'un candidat ou d'un autre. Ce que disent les Civic Tech c'est que le processus des élections n'est plus créateur de réconciliation nationale. Les pays sont de plus en plus divisés dans leur cœur, les Etats-Unis par exemple, et il est donc plus difficile pour les gouvernements de mettre en œuvre ce pour quoi ils ont été élus. Je parle de tous les partis, extrêmes ou pas.
Le principe n'est pas de dire s'il y a des bons ou des mauvais, c'est de dire que compte-tenu du niveau de fragmentation de ces sociétés, il est capital que les citoyens s'engagent eux-mêmes dans le fonctionnement des institutions au-delà du processus électoral. C'est ça le rôle des Civic Tech.
Vous avez l'accord de plusieurs gouvernements. Si l'on part du principe qu'il existe une défiance envers l'ensemble du système politique de la part des citoyens, comment peut-on imaginer que ces mêmes citoyens fassent confiance à des processus validés par ce même système politique ?
Selon nous, l'élément qui est cassé en ce moment, c'est la logique de parti politique, de s'engager avec un candidat auquel on croit. C'est ce qui est challengé par les citoyens et c'est ce qui s'est très affaibli. Nous n'allons pas décréter la confiance des citoyens, nous allons leur donner la possibilité d'avoir un rôle direct sur les choses plutôt que seulement indirect via les processus électoraux.
Ce processus ne sera pas fructueux parce qu'il est mis en place. Il le sera à partir du moment où les gens auront le sentiment de pouvoir agir sur l'intérêt général. Le vrai élément qui manque à nos sociétés aujourd'hui, c'est l'impression qu'on n'arrive plus à agir sur cet intérêt général puisque le processus électoral ne marche pas. L'objectif est de reconstruire par l'expérience et la réalité, pas par le discours, un sentiment de démocratie permanente : le sentiment qu'une petite action a un petit impact mais que tout le monde peut agir sur le monde. 


vendredi 2 novembre 2018

Déclin de l'hyperconsommation



A l'heure où les responsables eux-mêmes forcés et contraints font leur mea-culpa,     n'est-il pas grand temps à échelle locale de nous poser la question essentielle 
du choix de notre mode de vie au quotidien ? 

Qu'est-ce qu'on mange,
pourquoi, quand, comment on le mange,
et avec qui on le partage ?

L'exception culturelle des peuples
n'existe que par la reconnaissance du monde paysan et son identité agri-culturelle. 


jpa pour ALV


     



"Ceux qui sont en train de faire changer les choses sont les consommateurs, qui voient bien ce qu'une alimentation de mauvaise qualité produit sur eux"

Serge Papin
ancien patron de Système U pendant 13 ans, revient dans un nouveau livre sur les scandales alimentaires à répétition, les coulisses de la guerre des prix entre les grandes enseignes, la détresse des agriculteurs et le déclin des hypermarchés.

A.: Vous venez de publier "Du panier à l'assiette, alimentation, grande distribution, agriculture... Pour en finir avec la malbouffe !" aux éditions Solar, un livre qui prend la forme d'un grand entretien entre Périco Légasse, critique gastronomique, et vous-même, ancien dirigeant de Coopérative Système U. Vous partez d'un constat : le système de consommation hérité des Trente Glorieuses est en mutation, et est de plus très fortement critiqué. Qu'est-ce qui ne fonctionne plus dans le système actuel ? Peut-on parler de crise de confiance ?

S. Papin : Oui, il y a une crise de confiance sur l'alimentation. Ne serait-ce que pour des raisons de santé. Il y a suffisamment de liens qui sont maintenant avérés entre des substances dites "controversées" et la santé. Je sais de quoi je parle puisque j'ai été de ceux qui, il y a une dizaine d'années, se sont battus pour les faire disparaître. La crise concerne aussi les questions environnementales. On voit bien qu'une alimentation non respectueuse de l'environnement a des inconvénients et sur la santé des hommes et sur la santé de la planète. La crise concerne aussi les emplois. Il y a aussi de nouvelles données qui deviennent importantes, comme celles du bien-être animal, surtout depuis que certaines ONG rapportent la façon dramatique dont les animaux peuvent être traités. Et il y a même des crises de confiance en matière de tromperie, l'exemple type étant celui des lasagnes au cheval...
Tout cela a nourri un doute, et ce livre veut essayer de porter un diagnostic et en même temps d'ouvrir des voix nouvelles ou du moins des voies réconciliation pour faire en sorte que l'alimentation soit au service du bien-être pour tous le monde : pour ceux qui le produisent, qui le transforme, qui le vendent, qui le consomme et aussi pour les animaux et pour la planète. Il faut quitter le rapport de force pour aller vers quelque chose qui permette une certaine réconciliation. Et sans forcément faire la leçon, et pointer du doigt. Ce qui est intéressant, c'est l'avenir.

A.: Périco Légasse finit le livre en disant que la balle est dans votre camp, et celui de l'industrie agro-alimentaire. Que faire pour que les Français, qui se sont habitué à une nourriture de qualité, retrouve le chemin d'une alimentation de meilleure qualité et plus équilibrée ? Quel rôle peut jouer la grande distribution dans ce processus ?

S.Papin: C'est ce que dit Périco. Je crois que la balle est dans le camp de tous les acteurs de la filière : les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les consommateurs. Ceux qui sont en train de faire changer les choses sont les consommateurs. Ils voient bien ce qu'une alimentation de mauvaise qualité produit sur eux. Ils voient que le consommer toujours plus à ses limites. Beaucoup de gens préfèrent maintenant une forme de sobriété positive. C'est à partir de cette évolution-là que la demande change. Le consommateur va sans doute être celui qui va obliger demain à un progrès et à cette réconciliation entre les acteurs. Cela part de lui, et après tout le monde est responsable. On ne peut plus faire comme avant. La demande est exprimée par les consommateurs, et nous avons une connaissance des inconvénients et des problèmes que la mise sur le marché de certains produits occasionnent. La responsabilité est partagée, et bien entendu, les distributeurs ne doivent pas s'affranchir de cette responsabilité. 


A.: Votre dialogue met bien en relief certains excès de la grande distribution, notamment en matière de communication. Comment considérez-vous la démarche de vos anciens concurrents qui ont tous décidés, face à la hausse des prix du carburant, de vendre leur essence à prix coûtant ? N'est-ce pas démagogique ?

S.Papin: Il y a de l'opportunisme, car on sait bien que la marge du distributeur est la portion congrue, qu'il s'agit de quelques dizaines de centimes. Ce n'est pas ça qui va changer le pouvoir d'achat. Je pense que ce sujet là est tout d'abord malhonnête, parce qu'il y a d'abord beaucoup de marge qui se fait en amont. Ce n'est pas en aval qui faudrait agir. C'est sur Total et ceux qui raffinent. 
J'ai une proposition, mais on me traite d'utopiste quand je dis ça. Il faudrait selon moi s'entendre sur le prix juste de l'énergie fossile. C'est une matière très fluctuante le pétrole, et les prix vont sans doute baisser. L'Etat pourrait très bien s'adapter sur le prix du pétrole pour avoir des prélèvements bas en cas de prix hauts et des prélèvements hauts en cas de prix bas. Il y a un mécanisme à mettre en place certainement. De la même façon qu'on le fait pour l'électricité. Pour l'électricité, il y a heureusement EDF, qui permet de stabiliser les prix et ne vient pas répercuter les surcoûts que peuvent générer tel investissement sur le démembrement de la centrale de Fessenheim ou autre. On aurait des surprises ! Il faut de la régularité. C'est une solution pour permettre d'encaisser les crises. Et dans le même temps, il ne faut pas oublier qu'on a la transition écologique à amener. On ne peut pas non plus dire tout et son contraire. Il faut aller vers une limitation de l'utilisation des énergies fossiles. Par exemple quand on est en zone rurale, c'est compliqué. La démarche des distributeurs est donc non seulement opportuniste, mais en plus elle ne résout rien. Le problème reste le même. 

A.:Le supermarché doit connaître une mutation prochaine, celle de l'entrée en piste des GAFAM dans l'alimentaire notamment. Alors que le supermarché tente de renouer un lien plus honnête, plus charnel avec son client, ces GAFAM ne risquent-elles pas de reprendre le flambeau des excès ?

Le supermarché doit choisir son terrain de jeu. Son terrain de jeu, c'est le physique. Il faut "ré-artisanaliser" son offre, revenir à du fait maison. Il faut qu'il vende plus de produit non transformés, ou transformés par lui. Si le supermarché refabrique sa charcuterie, si il fume son saumon, si il mature sa viande, s'il a du bon pain, un bon caviste, s'il achète son poisson à la criée... etc. cela peut tout changer. Cela sous-tend des grands professionnels correctement payés. Et le deuxième point qui doit porter ces valeurs, c'est la marque. Qu'en fait-il ? S'agit-il de conjuguer des métiers de bouches de qualités, de porter des valeurs, est-elle respectueuse du paysan, de la santé... etc. ? A ce moment-là, il sera raccord avec la société d'aujourd'hui. Il faut avoir du respect pour ce qu'on distribue, comme en a un artisan pour sa production, et cela se passera bien.  



dimanche 14 octobre 2018

Ici com' ailleurs ... l'EUROPE


Pour les lesparrains et les médocains, 
la construction européenne 
n’est certainement pas plus évidente 
que pour l'ensemble des français, 
en éternel décalage avec l’orientation de leurs gouvernants, 
considérant depuis V.G.d’Estaing, 
qu’il faut toujours plus de 
« l’Europe, l'Europe, l'Europe ... » 

UE: 28 états membres  
4,5 millions de Km2  
512 millions d'habitants  
24 langues officielles

L’Union européenne, par nature, lourde et complexe, est un lent processus de sédimentation sur soixante années de construction, réunissant des pays et des peuples aux caractéristiques très diverses et aux intérêts souvent divergents. Prétendre changer l’Union européenne en quelques mois ne peut relever que du tour de magie, voire du mensonge dans le contexte de la situation politique actuelle (migrations, raidissement américain, etc). 

La France ayant à assumer son image extérieure d’arrogance ethnocentrique, elle doit réfléchir sur sa capacité de s'appliquer à elle même les réformes pouvant faire école vis à vis de ses partenaires, si elle veut reconquérir sa crédibilité budgétaire et financière perdue.

Les réformes doivent être à la fois visionnaires et à l’écoute des euro-français, en attente d'une Europe qui protège et qui amène de la croissance et de l’emploi. Jusque là rien que des évidences exprimées à échelle nationale. La question est donc de savoir si l’UE sert à quelque chose d’autre qu’une nouvelle valeur d’échelle, comme un simple outil de remembrement, une hypothétique SAFER géopolitique. Il y a donc bien un décalage de lecture entre la réalité de ce qu’elle est, de ce qu’elle veut faire et de ce qu’elle pourrait faire, avec les pouvoirs qui sont les siens et la perception qu’en ont les français, localement dans leur quotidien. Contrairement à ce que clament les europhiles et les eurosceptiques, jumeaux de l’analyse bipolaire erronée qui hélas, fait souvent l’opinion, l'UE n’est ni le père fouettard ni le Père Noël. C’est pour l’instant une petite  organisation internationale qui a des pouvoirs dans le domaine économique, et nulle part ailleurs. Mais même dans ce domaine, ses pouvoirs sont beaucoup plus petits que ceux des états membres. Le chômage, la compétitivité, le pouvoir d’achat, l’investissement, l’innovation…tout ceci résulte d’abord et avant tout des choix nationaux et / ou des réalités culturelles de long terme et souvent antagonistes.

Le couple franco-allemand n’existant plus vraiment, le problème migratoire, créé de toutes pièces par l’Allemagne, est un puissant dissolvant de l’Union et le Brexit pourrait peut-être devenir une première étape de déconstruction.

L’heure n’est donc pas à des avancées majeures et la réalité, pour la prochaine décennie pose la question de ce qui doit être sauvé pour le maintien de la construction européenne en process. Se concentrer sur les quelques compétences fortes  dont l'UE a déjà fait preuve est l'exercice utile à entretenir envers des européens qui n'y accordent pas un grand intérêt à l'élaboration d'une forme de règlement de copropriété entre les 27 états membres et ses 512 millions d'habitants répartis sur 4,5 millions de Km2 et ses 24 langues officielles, relevant le défit d'être unis sans être uniformes.

Ces fondements installés, la construction européenne serait plus efficiente envers l’innovation et les réformes face au monde tel qu’il est, en l’orientant vers ce qu’il doit devenir dans l'intérêt des futures générations. C’est ce qu’attend de l'UE chacun des états membres campés dans leurs subjectivités respectives, afin qu’elle soit toujours plus en phase avec la vision et les intérêts de chaque pays, qui sont quelque peu mal à l’aise avec le marché unique, traditionnellement frustrés vis-à-vis des limites de l’Europe sociale et fiscale et dans l’attente d'une UE plus active sur le plan diplomatique et militaire. 

Les nombreuses menaces nouvelles cumulées aux incertitudes liées à notre « protecteur » américain rendent plus que jamais nécessaire la prise en main ensemble de notre destin stratégique européen. La guerre commerciale de Donald Trump n’est à ce titre qu’une première étape, ce que cherche Trump, ce n’est pas simplement ramener la Chine à la table des négociations, c’est la tordre, la faire plier, casser le régime chinois comme les USA ont jadis cassé l’URSS. C’est pourquoi le Président des Etats-Unis applique une à une toutes les recettes de Reagan qui ont mené à l’effondrement soviétique. L’idée étant qu’une fois la Chine matée, la Russie ne tiendra pas longtemps et l'UE dans ce jeu est epsilon.
L’isolationnisme de Trump, ce n’est pas le repli, c’est l’élimination méthodique de la concurrence pour établir définitivement le monopole de la puissance américaine puisque c'est son ADN, conquérir des parts de marché du reste du monde par la déconstruction culturelle, depuis le territoire d'un trop grand entre deux eaux.

Les peuples européens ont pour eux l'expérience transmillénaire d'une forme de poussée naturellement messianique qui pourrait éclore dans le destin de l'UE consistant, après en avoir payé le prix fort, à établir ce qui nous uni comme par nécessité de survie et tisser ensemble ce qui nous distancie comme la trame d’un précieux tapis ancien, sur lequel les peuples enfin apaisés vivent et se prolongent.  

Cette « refondation » géopolitique de la construction européenne semble pourtant amorcée. Elle prendra du temps pour cautériser les cicatrices des guerres et pour que les peuples accèdent à la déshumiliation de l'offense qu'ils se sont eux même infligée, par la prolifération des excès de l'économie de marché et qui est en train d'échouer. En oeuvrant à l’ouverture sur leurs identités plutôt qu'à l’enfermement dans leurs mentalités, les peuples auront à prioriser le croisement des connaissances qui donne l’accès au savoir, porteur d’innovation, de prospérité et d’épanouissement. 

Pour l’heure, le volontarisme semble s’exprimer en matière d’Europe sociale, de lutte contre le changement climatique ou pour la création d’un budget dédié à la zone euro. C’est l’actualité des préoccupations pré-électorales qui devraient converger peu à peu entre désirs hexagonaux et réalité européenne, dans l'attente que les identités territoriales accèdent au récit nourri de leurs légitimités. 

Le pourcentage des français considèrant l’Union européenne (qui n’est pas « l’Europe ») avec plus d’avantages que d’inconvénients tombe à 24% et participe à la montée de l’euroscepticisme. Le fait que la France soit un contributeur net au budget européen renforce évidemment cette situation. C’est le frein à l’idée d’un « fédéralisme » au niveau de l’UE et les français souhaitent désormais que le gouvernement agisse pour la France, avec l’UE s’il le peut et contre l’UE s’il le doit. Toutefois, plus aucun pays ne souhaite sortir de l'UE, et les mouvements nationalistes en Italie, en Pologne ou en Hongrie ont enlevé cette revendication de leur programme politique. 


Les avancées pour les citoyens européens 
et auxquelles la France contribue: 


-meilleur encadrement des règles sur les travailleurs détachés 

-accord pour la création d'une agence européenne du travail 
contrôlant l'application des règles européennes

-prise de conscience des risques concernant le glyphosate 
et détermination d'un calendrier d'interdiction

-lancement d'un programme de R&D en matière d'industrie UE 
et défense pour la survie de l'industrie UE

-maintien d'emplois à valeur ajoutée sur le continent 

-dynamique de défense UE visant à garantir 
la protection des Européens alors que les menaces augmentent 
et que le parapluie américain va de moins en moins de soi

-unité dans les négociations commerciales face à Donald Trump 
pour préserver l'accès des produits européens au marché américain, 
pour le maintien de millions d'emplois dans l'UE

-priorité accordée au renforcement d'Erasmus 
et à une stratégie d'intelligence artificielle

-renforcement de la coopération entre les états membres 
en matière de police dans la lutte contre le terrorisme. 


Toutes ces avancées importantes sont quasi inaudibles dans le contexte actuel où les populistes de tous bords colonisent les débats. Salvini et Orban notamment arrivent à caricaturer le débat européen en le réduisant et en l’instrumentalisant  autour des débats entre pro et anti migrants, pro-nations et pro-fédérations, en s'autoproclamant comme les défenseurs de cultes de notre civilisation contre les tenants de l'ouverture progressiste, de manière à poser les problèmes comme aux pires heures des années 1930. C’est le piège à éviter pour revenir aux vrais défis. Le sujet n'est pas pour ou contre les migrations, mais comment on apporte une réponse durable et crédible au défi migratoire. De la même manière, le sujet n'est pas pour ou contre la nation, mais comment articuler au mieux les niveaux locaux, nationaux, européens et mondiaux pour répondre aux défis climatiques par les transitions agri-culturelles, numériques et environnementales. La préoccupation environnementale oblige à reprendre le constat fondamental: c'est la géographie qui fait l'histoire et non le contraire. L'intérêt accordé collectivement en priorité envers les territoires qui nous portent et nous nourrissent, crée les conditions des identités évolutives. Le kaléidoscope des exceptions agri-culturelles est le terrain d'horizontalité sur lequel la verticalité de la transition numérique fera sens. 

Beaucoup de citoyens ont le sentiment que les décisions européennes se font, à tort ou à raison, dans leur dos et donc, même si elles sont bonnes pour eux, ils les voient avec un niveau record de défiance à l'égard des institutions, qu'elles soient nationales ou européennes, politiques ou médiatiques. Cette défiance envers les institutions n'est d'ailleurs pas spécifique à la France, ou à l'Europe, c'est la même chose dans la plupart des démocraties.

Alors que les générations qui ont connu les guerres disparaissent, l'Europe en oublie son expérience concrète et douloureuse. Sans un minimum d'éducation civique commune, sans une capacité à débattre ensemble de l'avenir commun en dépassant les narcissismes nationaux, les  citoyens renouent avec le sentiment que l'Europe est un nouveau champs de bataille entre des intérêts particuliers et la pérennisation du projet européen est en danger vital. 


La déculturation par l'hyperconsommation menace une Europe 
qui n'accède plus à sa hiérarchisation des valeurs. 

L'UE n'a cessé depuis trente ans d'évoluer pour s'adapter à de nouvelles réalités, mais la transformation radicale et accélérée du monde de ces dernières années appelle sans doute à une refondation également radicale. Le problème est que chaque pays a sa propre vision de cette refondation, le travail consiste donc à créer une dynamique de convergence et de projection collective de l'avenir de chacun dans un destin commun et avancer efficacement ensemble dans des intelligences conjuguées.

Ici com' ailleurs, 
LESPARRE et le MEDOC 
auront à vivre le moment déterminant 
de la prochaine élection européenne, 
dans l'intérêt de l'identité territoriale locale, 
qui ne doit pas une fois de plus, 
être confondue avec un référendum. 

Cette échéance concernera 
le choix des futurs dirigeants de l'Union, 
notamment aux présidences du Conseil européen, 
de la Commission et de la BCE. 

La mobilisation de la société civile 
exprimée depuis chaque fenêtre des territoires 
est indispensable pour pousser les dirigeants européens 
à prendre des décisions collectives courageuses. 


jpa pour ALV