La ville et le territoire constituent des réalités que certains théoriciens, historiens et beaucoup de praticiens réduisent trop souvent à quelques paramètres là où le sensible s'impose de par l'hypercomplexité à mettre une infinité d'informations en résonance, à la croisée des connaissances.
Au cours des âges, l'humanité a toujours imposé ou du moins tenté d'imposer sa volonté aux lieux où elle réside et travaille, en ne cessant de les modifier pour en améliorer le rendement, donc en quelque sorte de les « récrire » - semblable en cela aux auteurs médiévaux grattant leurs parchemins pour y déployer un nouveau texte : ville et territoire, eux aussi, sont des palimpsestes.
Toute œuvre est une traque des imaginaires au travers des territoires accessibles. L'impermanence et l'immatérialité obligent une constante navigation entre les structures physiques ou construites et leurs représentations iconographiques ou descriptions écrites, suivant les époques.
Le territoire n'est pas une surface
Trop de descriptions sont pensées en termes de surface au lieu de l’être en termes de réseaux. Le territoire comme surface est un héritage du XIXe siècle, époque où les nations se sont définies : cette dénomination signifie une aire géographique constituée dans un temps et en une contrée données, par et pour une société donnée : une telle définition admet donc, voire institue, un rapport fixe entre une étendue géographiquement définie, et le groupe social déterminé qui l’occupe : il y a correspondance bi-univoque entre cette surface et ses occupants. D’où deux caractères complémentaires : la délimitation qui protège contre l’extérieur et l’appropriation de la surface protégée : dans ces conditions, le territoire est une superficie clôturée, habitée par une société homogène. Inutile de souligner à quel point cette conception est devenue impraticable : multiculturalisme, transculturalisme, mobilité, déplacement des centres décisionnels, abolitions de maintes barrières historiques etc., nous contraignent à formuler pratiquement tous les problèmes territoriaux comme des systèmes de réseaux.
Une surface a un périmètre, alors qu’un réseau n’a que des points terminaux. Les surfaces ne se mélangent guère tandis que les réseaux, en revanche, se superposent et se combinent sans abolir les surfaces, ce qui nécessite d’inventer une dialectique capable d’en définir les relations.
Une surface a un périmètre, alors qu’un réseau n’a que des points terminaux. Les surfaces ne se mélangent guère tandis que les réseaux, en revanche, se superposent et se combinent sans abolir les surfaces, ce qui nécessite d’inventer une dialectique capable d’en définir les relations.
Cela signifie qu’une bonne part des instruments descriptifs doit être inventée ex novo, ceux dont nous disposons ayant été conçus pour une problématique des surfaces.
Le destin de Lesparre-Médoc dépend de ces notions de désenclavement que l'amélioration d'un réseau routier ne peut à lui seul résoudre. Il s'agit d'accéder au rayonnement suscitant la désirabilité souhaitable pour une ville dont la principale valeur pérenne reste sa position géocentrée, équidistante des deux rives et dont l'éloignement relatif à 60 km de la métropole, l'épargne d'une réquisition en réserve foncière pour la CUB.
Reste à chaque génération qui passe, la responsabilité de consacrer son talent disponible pour révéler ou pas LESPARRE-MEDOC, ville on ne peut plus palimpseste, que des esprits déconstructivistes et modernidolâtres ont malmenée depuis quelques décennies, au point de ne plus pouvoir en lire et le texte qui s'efface et l'orientation qui s'obscurcie.
Un texte a un auteur, une musique a un auteur, un tableau a un auteur, ..., une ville n'a pas d'auteur et parce qu'elle participe du bien commun, elle invite l'humain dans l'urbain, elle a juste une hauteur, une hauteur juste et justifiée par le talent des architectes et des urbanistes, qui doivent avoir l'extrême conscience de permettre l'usure lente de leur signature personnelle, à l'avantage de la ville palimpseste.
Un texte a un auteur, une musique a un auteur, un tableau a un auteur, ..., une ville n'a pas d'auteur et parce qu'elle participe du bien commun, elle invite l'humain dans l'urbain, elle a juste une hauteur, une hauteur juste et justifiée par le talent des architectes et des urbanistes, qui doivent avoir l'extrême conscience de permettre l'usure lente de leur signature personnelle, à l'avantage de la ville palimpseste.
Territoire en Cité / 6T en 6 temps:
Territoire,
découvrir le lieu, matériel ou immatériel,
le temps de l'émotion
Terme,
le reconnaître, le nommer,
le temps de l'identification
Texture,
l'analyser,
le temps de l'accumulation des connaissances
Trame,
l'autopsier,
le temps de l'étude par croisement des connaissances
Trope,
l'interpréter,
le temps de l'accueil dans sa contemporanéité
Texte,
poursuivre l'histoire à transmettre,
le temps du chapitre
JPA pour ALV