mardi 2 janvier 2018

On a le temps qu'on fait




 Le village mondial en 5 catégories sociales 

Pain quotidien, un pour Riches et un pour Pauvres avec au milieu, une fine tranche de classe moyenne de "gens bons",  tel est le triptyque de la société dans laquelle on nous demande de nous situer. Passer seulement d'une perception de 3 à 5 catégories, permettrait de décrypter plus clairement la dérive des plaques économiques allant jusqu'aux fusions par remembrement, comme dans la gestion d'un méta parcellaire foncier. 

Les pauvres sont aujourd'hui de deux catégories: Pauvres et Tavailleurs pauvres, ceux qui n'ont rien d'autre que ce que l'on veut bien leur donner et ceux qui n'ont plus l'espoir de s'élever par le fruit de leur travail. Dans ces deux cas, ceux qui n'ont rien et ceux qui n'accèdent plus à rien, finissent par avoir le sentiment commun de n'être rien.

Les riches sont aussi de deux catégories: Riches aisés et Très Riches, ceux qui vivent confortablement en prospérant ou à minima en se maintenant & ceux qui ont été propulsés par le souffle de la démesure exponentielle, créant une poignée d'individus, une centaine tout au plus, possédant plus de la moitié des richesses de la terre.

Au centre  de notre société, entre doubles riches et doubles pauvres, il y a donc ceux de la classe moyenne, ceux qu'il n'y a pas si longtemps encore, occupaient pour la plupart la position des "presque riches aisés", quand il n'y avait pas encore de travailleurs pauvres. A force de supporter la surcharge, ceux de la classe moyenne sont en passe d'être déclassés en "presque travailleurs pauvres", pendant que les riches aisés dévissent à leur tour en une nouvelle classe moyenne informe, sauf pour quelques uns accédant in extrémis au cercle de plus en plus rétréci des très très riches, qui s'enrichissent un peu plus par la défiscalisation institutionnalisée à l'échelle internationale.



La démographie mondiale galopante participe de ces accélérations du progrès, provoquant des  mouvements sociaux, culturels, migratoires, qui viennent interroger la politique internationale dans la gestion et la répartition des richesses, sauf à ce que les très riches aient déjà pu acheter le pouvoir par la puissance de l'argent, ce qui serait loin d'être une nouveauté. 

Face à ce constat, il faut donc se préparer à ce que ces phénomènes génèrent des très riches de moins en moins nombreux mais de plus en plus riches, pendant qu'il y aura de plus en plus de pauvres quant à eux de plus en plus pauvres, la classe moyenne n'étant plus qu'un sas de décompression, une salle d'attente du désenchantement.


Quelques chiffres pour la France:

37,4 Millions de foyers fiscaux dont 17,1 Millions imposables.

6500 personnes très riches (revenus mensuels à partir de 50 K€ avec un patrimoine immobilier de plusieurs millions d’€uros).
343 000 foyers assujettis à l’ISF pour 5,2 Milliards d’€uros de recettes sur les 230 Milliards de budget nécessaire au fonctionnement de l’Etat.

Quelques chiffres pour Lesparre-Médoc:

Evolution sur une décennie de la dette de la ville par habitant: 
264 € en 2007 et 1051 € en 2017 (858 € en moyenne nationale)


Dette locale multipliée par 4 en 10 ans 
pour une ville en régression chronique. 



Faute de politique de ville murement engagée, l'errance sociétale s'installe par le manque d'identité locale et creuse le déficit faute de ressort économique face aux charges fixes et à la baisse de qualité du cadre de vie.   


                  ON A LE TEMPS QU'ON FAIT 

Dans la dévaluation des classes, le Tribunal du goût de l'impensée dominante participe de l'acculturation, venant déconstruire en quelques décennies ce que d'autres ont bâti sur plusieurs siècles. Il faut donc aller vite en agissant pour que ça se voit, là où Bergson nous conseille d'agir en homme de pensée et de penser en homme d'action.

Nous vivons dans la société du spectacle où on aime changer car le changement divertit. La continuité ennuie et nécessite des efforts d'entretien partagé pour être évolutive. Pour se divertir, on jettera aujourd’hui ce que l’on adorait hier, en étant prêt demain, à aimer ce que l’on prétend détester aujourd’hui. 



La société du spectacle prolifère par la consommation et le marketing. Pour vendre il faut séduire, captiver, retenir l’attention sans effort, en proposant sans cesse des produits nouveaux et cela vaut pour la politique comme pour la culture. Afin d’être innovants et vendeurs, donc éligibles, les politiques n'ont aucun problème pour défendre une idée aujourd’hui contre laquelle ils étaient hier. 

René Girard explique que tout mythe 
sert à cacher la violence. 

Avec la nouveauté et le progrès c’est le cas. On est fasciné par la nouveauté, la modernité, parce qu'elle permet d’être violent envers le passé d’une façon civilisée. La nouveauté rend souvent aveugle des champs de perspectives que l'innovation révèle.  


À la Révolution Française, ceux qui ont voulu prendre le pouvoir et dominer le monde se sont cachés derrière le mythe de la Révolution et du changement. Ils se sont présentés comme les amis du genre humain, désireux de changer le monde pour améliorer la condition humaine. En réalité, assoiffés de pouvoir et de domination, ils ont montré leur vrai visage avec la Terreur. 

Ce qui vaut pour la Révolution, vaut pour la nouveauté et l'accélération d'un progrès moderniste qui n'a de cesse que de déconstruire le monde tel qu'il est dans l'expression de sa contemporanéité, chaque époque se devant d'être le maillon d'un continuum, au bénéfice d'une vie meilleure pour ceux qui suivront. 





L'art n'échappe pas à la règle, surtout depuis qu'il est dissocié de sa substantifique quête du sacré. Ceux qui veulent prendre le pouvoir et dominer le monde, créent jusqu'à être connus et reconnus puis se présentent comme les amis du nouveau, l'oeuvre devenant l'arme de la violence civilisée. L’art devient alors de plus en plus provoquant, de plus en plus destructeur, de plus en plus déconstruit, au point de vider l’art de l’art lui-même, de sa fonction de transmission comme témoin sur le temps long. Bien sûr, tout cela se fait au nom de la création et de la nouveauté en imposant par la doxa, la géniâââlitude pour tout le monde. 



Idem pour le progrès. Pour prendre le pouvoir, on annonce le progrès et pour justifier le progrès, on invente un concept commode : celui de destruction créatrice, concept forgé par Schumpeter. Le progrès permet comme le nouveau, la violence civilisée, car il est impossible d'être contre, sous peine d'être taxé de régression et d’archaïsme. On se tait, on subit, la violence civilisée le sait et elle en use en fabriquant un monde de faux blasés, les àquabonnistes, fatigués par le bruit des propagandes, nous remisant à l'écart du merveilleux qui animait notamment la capacité d'abstraction au Médiéval



Pour être blasé, encore faut-il avoir un certain sens de l’ennui, pour que l'absolu délivré du sujet puisse accéder aux conclusions que la logique ne peut atteindre. 

Le monde ballotté par le nouveau dans l'accélération du progrès ne peut donc pas être blasé, il est juste hagard en ne comprenant plus ce qu’il vit, peut-être parce qu'il n'est plus nourri.



Dans quelques temps, 
quand les esprits contraires seront atones, 
le Médoc Mémoire du Monde 
offrira comme une rareté ce qui a toujours été.

On viendra en fin de terres, 
assister entre autre à de grands concerts de Mahon, 
où la justesse du bruit blanc, 
 régénère les sens et grandi l’âme des vivants … 

écoute, écoute … 
dans le silence de la mer … 
il y a comme un balancement … 
qui met le coeur à l’heure ...


jpa pour ALV