samedi 20 juillet 2019

CETA

Le CETA, 
(Compréhensive Economic and Commercial Agreement) 
accord de libre-échange entre l'Europe et le Canada, 
déjà accepté par Bruxelles, 
doit désormais passer par l'acceptation 
de chaque pays concerné. 



En France, le vote du Parlement 
qui devait ressembler à une simple formalité, 
le Président de la République étant favorable à cet accord 
et disposant d'une majorité confortable 
à l'Assemblée Nationale, 
va finalement faire débat ce mardi 23 juillet 2019.


La ratification du CETA fait polémique pour des raisons essentiellement liées à la défense de notre agriculture, en ouvrant le débat sur son avenir. Ce n'est pas la vocation du libre-échange en elle-même qui est remise en cause par la majorité des contestataires, l'heure étant depuis longtemps à la mondialisation qui favorise les échanges commerciaux et l'entente entre les peuples contribuant à éviter les conflits, encore faut-il  que ces échanges soient équitables et éco-soutenables et que l'agriculture européenne ne soit pas systématiquement la variable d'ajustement autorisant la vente de nos services et que à terme, nos modes de vie et nos choix sociétaux Européens ne soient pas remis en cause par ces accords.



Le CETA paraissait à l’origine comme l'un des accords de libre-échange le plus acceptable, les modes de vie canadiens et européens étant en cousinage. C'était l'argument défendu par de nombreux parlementaires européens, français y compris, qui y ont été favorables en février 2017. 
L'Europe seule est trop isolée dans le monde, il lui faut des alliés, et le Canada répond aux critères, contrairement au Brésil avec lequel les divergences sont bien plus affirmées. Les députés européens français soucieux de notre agriculture qui ont voté en faveur du CETA en février 2017 l’on fait dans cette approche, "on accepte le Canada pour mieux refuser d’autres”. 

Depuis, la Commission européenne a signé un accord avec le Mercosur (Brésil, Argentine...), montrant que la vocation était au "tout libre-échange", et non au choix des meilleurs alliés, en fonction de quoi, la réflexion évolue dans les groupes parlementaires, contestataires ou l'étant devenus, rendant l'opposition à la signature par la France de ce traité bien plus importante qu'on ne l'aurait imaginée.


Lorsque la loi EGAlim (loi Alimentation) est passée, plusieurs articles y figurant poussent le monde agricole français à toujours plus de vigilance vis-à-vis des attentes sociétales,  en qualité, sécurité sanitaire et bien-être animal. L'argument consistait à répondre au mieux aux évolutions de notre société, inquiète pour son environnement et sa culture face à la prolifération de malbouffe. 

Le volet agricole de l'accord du CETA prévoit l'importation en Europe de viande bovine qui ne répond pas aux critères de qualité. On lui reproche notamment une nutrition animale à base de farines animales, cause des deux crises de la vache folle en France, ou encore l'utilisation d'antibiotiques refusés sur notre territoire.

Ce nouveau contingent sur le marché européen qui arrive au plus mauvais moment pour des filières animales en crise, pourrait donc les précipiter vers la faillite et prouve une fois de plus  que de nos jours le monde agricole intéresse de moins en moins nos politiques, mais le front commun d’opposition se réveille avec la sécurité sanitaire : l’utilisation des farines animales sont désormais associées à la maladie de Creutzwald-Jacob avec la peur d'un nouveau scandale.
Les deux principaux syndicats agricoles sont sur le pont, mais avec des modes d'action différents, pour dénoncer le CETA. 
La Fnsea a choisi des actions ciblées en province, devant des préfectures, à des dates différentes, conjointement à des actions de lobbying peu visibles mais réelles auprès des élus sous le slogan “N'importons pas l'agriculture dont nous ne voulons pas” auprès des députés de toutes obédiences, ranimant 
une société civile en accord avec ses agriculteurs,
 comme pour remettre l’église au milieu du village...

Parmi les "non agriculteurs" qui se manifestent en faveur d'une défense de l'agriculture française, on peut noter l'intervention de Patrick Maurin, conseiller municipal de Marmande, connu pour deux marches citoyennes pour dénoncer le tabou autour du suicide des agriculteurs. Ce mercredi 17 juillet, il est venu à l'Assemblée nationale pour s'enchainer symboliquement à ses grilles un bref instant (le temps que les forces de l'ordre réagissent...), et dénoncer ainsi le mal-être des agriculteurs, qui serait agrandi selon lui par la signature des accords du CETA ou du Mercosur. Il a fait l'objet de nombreuses interviews médiatiques, et a donc participé à la diffusion d'un message favorable à la défense des agriculteurs français et mettre en alerte pour le vote de ce mardi 23 juillet à l'Assemblée nationale.

Si La République en marche est majoritaire à l'Assemblée, elle ne dispose finalement que d'une quinzaine de députés au-dessus de la majorité absolue (304 députés / majorité absolue 289 députés) et il semble aujourd'hui évident que la mobilisation des opposants au CETA soit de plus en plus forte.

D'un point de vue du modèle global promu par le traité, quel sens éco-soutenable peut justifier 6 000 km à parcourir entre la France et le Canada, pour des échanges commerciaux proliférant sur des distances de plus en plus importantes, pour des produits et des savoirs faire dont nous disposons sur nos territoires régionaux voire européens ?  

ICI PLUS QU’AILLEURS, 
à l'heure où l'on respire le MEDOC en PNR,  
regardons LESPARRE-MEDOC, 
sous-Préfecture du Pays Médoc, 
en Capitale AGRI-CULTURELLE de son territoire.

jpa pour ALV 

samedi 6 juillet 2019

MERCOSUR

MERCOSUR
acronyme pour Marché commun du Sud

abrégé de l'espagnol Mercado Común del Sur 
ou de Mercosul, du portugais Mercado Comum do Sul,

 communauté économique regroupant 
plusieurs pays de l'Amérique du Sud.


Le MERCOSUR  pour l'Amérique du sud 
est une sorte de pendant au CETA 

( Comprehensive Economic and Trade Agreement, 
signé le 30 octobre 2016 et entré en vigueur le 21 septembre 2017 ) 

pour l'accord commercial bilatéral de libre-échange 
entre l'Union européenne et le Canada.


Il est un temps pas si lointain, où l'on pouvait qualifier le secteur agricole français de puissance économique, fleuron de notre balance commerciale, point d'appui solide de notre économie entière. Depuis, la perte de compétitivité qui n’autorise plus à accepter de nouvelle concurrence nous oblige à poser la question trop longtemps occultée, malgré les drames humains proliférant dans le monde paysan: 


Quelle agriculture voulons-nous ? 

Particulièrement aujourd'hui avec l'annonce de l'accord de libre-échange entre l'Europe et les pays du Mercosur, la grande majorité des réactions de nos agriculteurs redoutent cette nouvelle concurrence. L'agriculture française va en pâtir, en particulier le secteur de l'élevage à viande, pour lequel beaucoup voient là une sentence de mort programmée. La réaction émise par le sénateur de la Manche, Jean Bizet, vétérinaire de formation et considéré comme un des spécialistes des questions agricoles au sein du groupe LR au Sénat reste équivoque lorsqu’il argumente sur le fait que ce serait le manque de compétitivité de la filière viande française qui la fragiliserait face à cette nouvelle concurrence, tout en suggérant dans un second temps, de lui rendre cette compétitivité en acceptant l'accord, qu'il estime bon par ailleurs. Il sagirait donc de considérer l’agriculture française avec des réserves suffisamment fortes pour encaisser un nouveau coup dur, sans reposer une fois de plus clairement la question: 

Quelle agriculture voulons-nous ?


Cette question n'a pas été posée par quelque ministre de l'Agriculture que ce soit, tous partis confondus, depuis très longtemps. A la base, nous avions une agriculture dont la richesse tenait dans la variété des productions, dans la faculté à produire tant dans la tradition et le terroir que pour des volumes et l'export. Il existait une forme d'équilibre entre tout cela sur notre territoire national, certains étaient plus riches, d'autres peut-être plus épanouis, en tout cas tout le monde vivait dans un équilibre dont il n'est plus question aujourd'hui. Entre-temps, sans qu'aucune décision politique n'ait été prise pour cela, nous avons basculé peu à peu dans une forme de vocation au modèle unique, lequel évolue selon les tendances imposées par l'immédiateté. 
A l'heure où la France se désindustrialise pendant que le monde émergeant s'industrialise, l'agro-industrie, si décriée désormais, a eu ses beaux jours, la réaction sous forme de dogmatisme vert a aussi eu pour vocation de reléguer le paysan au rang de simple individu obéissant, ce qu’il ne sera jamais tout à fait, la stase s’installant alors comme maladie chronique, faute de pharmakon régulateur de la démesure.
Il s'avère désormais presque tabou de vouloir rechercher des rendements puisque les méthodes de production sont montrées du doigt. Parallèlement, nombre d'agriculteurs aux méthodes traditionnelles de qualité ne tiennent pas, en raison d'une part de normes qui leur réclament de véritables laboratoires s'ils transforment leur lait en fromages ou leur viande en charcuterie, et même sans cela dans les dimensions de leurs bâtiments ou autres détails parfois invraisemblables qui font le bonheur de contrôleurs plus assidus chez les paysans qu'aux autres maillons de la chaine alimentaire. Dans le Cantal par exemple, le lait issu des salers est payé le même prix que celui des "Hollandaises", les prim'Holstein, bien plus productives même si moins qualitatives... 
Produire de la valeur ajoutée ne suffit plus, il faut aussi la vendre en tant que telle. Et donc s'équiper, s’endetter au détriment de l'équilibre économique, suspendu aux tarifs de marché. Les exploitations familiales se retrouvent dépendantes des lois de marché où, à l'étranger, les mêmes productions dépendent de grosses structures capables d'économies d'échelle, sans parler de distorsions de concurrence sur le coût du travail ou sur l'évolution des normes.
L'absence de politique agricole claire, quelle que soit son ambition, conduit à des drames humains provoqués par les non-décisions aux moments clés. Il ne suffit pas d’une posture et d'un discours rassurant au salon de l’agriculture pour que les situations s'améliorent mais de défendre des positions dans une action concrète à Bruxelles ou à Strasbourg.
Pour la viande, la concentration des moyens s'est opérée au niveau des abattoirs, avec les dérives que l'on sait et les vidéos choc au détriment de ceux qui ont perdu le contrôle de leurs outils, qu'historiquement ils avaient pourtant créés : les éleveurs. La qualité n'est plus rémunérée, à de rares exceptions près et les tendances sociétales vont à l'encontre d'une alimentation fournie en viande. Alors que nous avons à la base en France la chance d'avoir Le terroir varié et de qualité de la France perd de son intérêt et les éleveurs arrêtent au fil des ans, les savoir-faire ne se transmettent plus jusqu’au point de non retour. 
Le sursaut citoyen n'interviendra que le jour où la société se rendra compte dans son assiette, ne peut plus avoir ce qu’elle avait banni des années plus tôt. Notre agriculture n'est pas suffisamment compétitive aujourd'hui pour appréhender sereinement de nouvelles concurrences, car elle n’est pas faite pour les accords de libre-échange d’un monde globalisant, servant à éviter des conflits armés dont on ne veut plus, comme si une guerre propre pouvait devenir soutenable au prix du lourd tribu de l’extermination du monde paysan et des exceptions culturelles et patrimoniales dont ils sont les garants.

Quelle agriculture
voulons-nous 
aujourd'hui ?

Revenir à la polyculture en alternant céréales et légumineuses, n'est pas un retour vers le passé mais au bon sens. L'abandon de la jachère depuis le XVIII° et la rotation de la culture associant les légumineuses et autres fourragères, luzerne, trèfle ou sainfoin, a permis à la France de ne plus connaître la disette et la famine, libérant des forces continues pour financer l'industrialisation, sans améliorer pour autant la condition paysanne. 

Aujourd'hui, nous sommes à l'heure de l'Europe et des questions environnementales et sociétales guidées par l'objectif de la neutralité carbone. Les subventions saupoudrées ça et là doivent être transformées en charges de services environnementaux. Une partie du financement de la politique agricole commune doit soutenir les municipalités engagées dans le "bio" qu'il faut comprendre en agriculture raisonnée, appliquée directement à la restauration collective, les cantines scolaires, valorisant les agriculteurs de proximité en leur garantissant l'achat de leurs productions au prix juste.  
Les états généraux de l'alimentation lancés le 20 juillet 2017 auraient pu définir les valeurs fondamentales sur lesquelles doit reposer l’agriculture française contemporaine, héritière des sciences de la vie et de la terre … ils auraient pu … les états généraux de l’alimentation … s’ils avaient voulu …
ICI COM' AILLEURS

le pays Médoc nouvellement équipé de son PNR, 

se doit de mettre la priorité sur son essentialité,

pour son autonomie et pour son rapport au monde.

jpa pour ALV